jeudi 4 avril 2013

Quel monde dans 20 ans ? (d)





Ce billet est le quatrième d’une série qui livre l’adaptation condensée que j’ai faite de GLOBAL TRENDS 2030 (Alternative Worlds), rapport produit, fin 2012, par le National Intelligence Council américain. Le document original peut être consulté sur le site : www.dni.gov/nic/globaltrends et téléchargé.

Le rapport opère ici un glissement: ayant examiné ce que l’avenir semble nous réserver de certain, le regard se toune vers un monde d’incertitudes. Ce qui se formule en six questions : Y aura-t-il une crise de l’économie mondiale ? Quelle sera la capacité (des États ou d’autres acteurs) à tenir la barre ? Quels seront les risques de conflits ? Certaines instabilités régionales feront-elles tache d’huile ? Quel sera l’impact des nouvelles technologies ? Quel rôle joueront les États-Unis ? Le présent billet (d) s’attache aux trois premières questions, le suivant (e) à la question des instabilités régionales, et un autre encore (f) aux deux questions restantes.



CRISE DE L’ÉCONOMIE MONDIALE ?

Les pays vont continuer d’évoluer à des rythmes différents. Les pays occidentaux ont une dette importante à éponger, alors que leur croissance est faible. En outre plusieurs pays européens et le Japon sont en proie au vieillissement. Pour la Chine et l’Inde, la question est celle du maintien de leur vigoureux taux de croissance, tout en satisfaisant, par des réformes politiques et sociales, une nouvelle classe moyenne de création récente, mais néanmoins encore loin du niveau de ses sœurs occidentales. On entre dans un monde multipolaire tiraillé par des intérêts parfois contradictoires. Est-ce que les divergences qui en résultent conduiront à un effondrement de l’économie mondiale, ou est-ce que la multiplicité de pôles de développement favorisera une certaine résilience ?

L’Ouest en situation critique

L’endettement de la plupart des pays occidentaux s’est creusé ces dernières années. Il faudra plus d’une décennie pour l’éponger – ce qui veut aussi dire une période de faible croissance. Cela pourrait s’aggraver car il est probable que les taux d’intérêt partent à la hausse – d’où la nécessité de mesures drastiques.

De plus, le vieillissement de la population fait que le pronostic est plus délicat qu’à l’époque de la Grande Dépression des années ’30, démographiquement beaucoup plus jeune : l’Allemagne et le Japon devront compenser la baisse de la population active par des gains de productivité. Sans compter qu’en même temps la robotisation et la concurrence d’actifs venus des pays en développement pourrait mettre au chômage ou faire accepter des salaires encore plus bas, chez des travailleurs autochtones parmi les moins qualifiés. Cette concurrence pourrait s’étendre aux travailleurs plus spécialisés, dans la mesure où la Chine, elle-même concurrencée par le bas monterait en gamme et exporterait des produits plus élaborés ou une main-d’œuvre plus qualifiée. Les pays occidentaux ne seront très probablement plus à même de maintenir le système de protection sociale  qui les a caractérisés jusqu’alors et qui a sauvegardé une certaine cohésion interne.

Dans le cas particulier de l’Europe, il n’est pas sûr que la volonté de sauver l’euro-zone combinée à une gestion désordonnée de la crise, aboutisse au résultat souhaité. Au Japon, on l’a vu, le principal problème est celui du vieillissement. Les États-Unis seront relativement épargnés sur ce point mais la sortie de vie active d’un encadrement et d’une main-d’œuvre qualifiée et expérimentée dans un pays où le système éducatif parait sur le déclin, semble un handicap notoire.

Ça pourrait se recroqueviller chez les émergents

L’économie mondiale dépend très largement des pays en développement : ceux-ci contribuent actuellement pour 50 % de la croissance et pour 40 % de l’investissement Mais le futur n’est pas forcément aussi porteur.

Ainsi, la population chinoise vieillit alors qu’il n’a pas de jeune génération au rendez-vous : pour le 15-29 ans, on va passer de 30 % à 21 %. Et on s’attend que, bien qu’encore honorable,  la croissance annuelle chute de 10 à 5 % – ralentissement potentiellement générateur de mécontentement, en même temps que de repli sur soi tout en blâmant l’étranger. Les autorités cherchent à davantage orienter l’économie vers la consommation et à faire progresser la valeur de la production (accent mis sur la recherche et ses applications, sur l’agriculture et sur la mise en place d’un secteur bancaire idoine). L’accès aux technologies nécessitera d’investir à l’étranger.

C’est vers 2025 que l’Inde pourrait rattraper la Chine comme pôle de croissance. À elle deux, elles constitueront un moteur économique deux fois puis puissant que les États-Unis et l’Europe réunis. L’Inde risque d’avoir à faire ensuite face à des difficultés similaires à celle de la Chine mais elle a l’avantage de ne pas dépendre d’un parti unique et d’avoir une structure démocratique plus jeune. Ses faiblesses sont, en revanche, un système éducatif et des infrastructures en retard, ainsi qu’un niveau élevé de corruption. L’un et l’autre pays restent sensibles à l’accès (que l’urbanisation poussée rendra plus difficile) à l’énergie, à l’alimentation et à l’eau, aux changements climatiques, ainsi qu’au financement de leur croissance car, vu son niveau très élevé, les taux d’intérêts à long terme seront tirés vers le haut.

Fragilité d’une économie mondiale multipolaire

Jusqu’alors, les trois-quarts de la consommation mondiale étaient le fait d’un milliards d’individus. Avec les nouvelles classes moyennes, ce chiffre va être multiplié par trois – d’où une explosion de la demande, des goulets d’étranglement, une mise en concurrence pour accéder aux ressources correspondantes, des gouvernements qui s’impliquent à cette fin et les tensions internationales qui en résultent.

Dans cette perspective, une gouvernance mondiale devient d’autant plus souhaitable. Mais est-ce envisageable dans un monde devenu multipolaire ? Que faire par exemple si l’économie d’un pays majeur comme la Chine commence à descendre en vrille ? Que se passera-t-il au niveau mondial si les taux d’intérêts se mettent à grimper, alors qu’il n’y aura plus de monnaie dominante comme l’a été le dollar ?

Des conflits entre grandes puissances sont aussi envisageables. Dans de tels cas néanmoins, Il est douteux que cela se généralise au point de mener à une conflagration mondiale. Mais en cas de recours à des pressions mercantilistes et protectionnistes, le processus de mondialisation serait bloqué.


CAPACITÉ À TENIR LA BARRE ?

Cette question s’adresse aux gouvernements et aux institutions internationales : sauront-ils s’adapter ou seront-ils dépassés ? Citons rapidement : le progrès technologique ; une exigence plus forte en faveur d’États de droit ; la gestion de grandes conglomérations urbaines ; la prise de décision avec davantage d’acteurs ; le consensus incertain entre puissances établies et puissances émergentes.

Gouvernance interne à un pays ou à plusieurs d’entre eux

Ne pas croire trop vite qu’avec une structure démographique plus mature et une population mieux éduquée, une politique plus libérale et démocratique sera au rendez-vous : le passage de l’autocratie à la démocratique que la conjonction entre système politique traditionnel et essor économique se révèlent souvent comme des zones de turbulence. On estime à une cinquantaine les pays qui vont en passer par là – principalement dans l’Afrique subsaharienne, l’Asie et le Moyen-Orient.

Autre cas de figure, celui des pays qui présenteront un déficit démocratique (on parle de surplus quand la pratique démocratique est en avance sur le niveau économique et de déficit, si elle est en retard). Ce déficit devrait prévaloir parmi les États du Golfe, en Asie centrale, en Chine et au Vietnam. S’agissant d’une puissance de poids, comme la Chine, le point d’interrogation est jusqu’où des aspirations suscitées par le développement économique mais auxquelles il n’est pas apporté de réponse interne, pourraient déboucher sur un nationalisme ombrageux vis-à-vis notamment de ses voisins. Une sortie par le haut rehausserait en revanche son image et servirait d’exemple à bien d’autres cas similaires. Les pays du Golfe et du Moyen-Orient en déficit démocratique vont nécessiter une attention particulière car rien ne laisse espérer une transition efficacement encadrée à la singapourienne alors que, en même temps, leur position stratégique pour l’approvisionnement énergétique mondial ne peut que s’accentuer.

En élargissant son champ de vision depuis ce qui se passe au niveau d’un pays (et même à un niveau plus fin), jusqu’à celui de la planète, le rapport résume ainsi d’où on part, vers où on se dirige a priori, et ce qui pourrait infléchir la trajectoire.

Infranational : Sous la poussée des technologies, des groupes communautaires se forment, tandis que les autorités urbaines surfent sur une demande de gouvernance plus locale et centralisée. Les meilleures pourraient éclipser leurs autorités nationales – les autres deviendraient sources d’instabilité.

National : On l’a vu, une cinquantaine d’États voués à l’instabilité lors de leur transition politico-économique ; plus la Chine et les pays du Golfe, sujets au déficit démocratique. De forts risques mais aussi des espoirs liés à la croissance économique et à la maturation de la structure démographique.

Régional ce mot est pris dans un sens proche de continental : les liens entre pays voisins cherchent à se resserrer… mais plus aisément pour les échanges qu’en matière de sécurité. Ne pas trop s’attendre à des partages de souveraineté. Ne pas croire non plus que ce à quoi sera parvenue l’Europe (si l’issue reste positive) pourra être transposé ailleurs.

Institutions multilatérales : Celles qui existent seront de plus en plus mises en cause. Mais par quoi seront-elles remplacées ? C’est à proportion de l’entente entre grandes puissances – celles établies et celles montantes – que l’on y parviendra.

Le développement des technologies de l’information et des communications mérite un examen particulier – car il va se poursuivre (dont division par 20 du coût des mémoires d’ici 2030, multiplication par 200 de l’efficacité des réseaux, par exemple). L’architecture en nuage (cloud) est en passe de mettre une énorme capacité de calcul et d’analyse entre les mains de 80% de la population mondiale. Il est également vital pour des régions à l’avenir a priori difficile comme l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Asie : il faut être conscient que dans 3 ans l’accès au téléphone mobile y aura dépassé celui de l’électricité à domicile (déjà, par ailleurs, le trafic Internet à partir des mobiles est très avancé). Le très faible coût va rendre usuel le stockage numérique d’informations et en alimenter l’analyse par les outils du cloud mentionné il y a un instant. Des programmes-robots  de traitement de ces données s’installent sur l’Internet mondial, auxquels tout un chacun pourra progressivement faire appel selon ses besoins. Pas d’angélisme pourtant, face aux utilisations illicites ou terroristes de tels moyens: il faudra accroître la capacité qu’auront les États de savoir conjointement les contrer et protéger leurs ressortissants.

(In) égalités et transparence

les citoyens, en plus grand nombre, disposent d’outils plus performants et ont été éduqués à savoir s’en servir. Les gouvernements qui n’en tiendront pas compte risqueront d’être perdants. Mais, en dépit de l’accroissement de ces classes moyennes, d’autres types d’inégalités pourraient bien poindre :

Entre les générations, en raison du drainage de ce que produisent les populations actives plus jeunes, par les fonds de retraite en faveur de leurs aînés, et des dépenses de santé de ces derniers.

En devenant des centres de la croissance économique, les mégapoles vont aller siphonner les talents dans les régions rurales (y compris dans des pays voisins… qui resteront alors sur la touche). Dans plusieurs cas, ces agglomérations pourraient apparaître comme des îlots de dynamisme économique et de gouvernance plus ou moins correcte, entourés d’États ayant politiquement et économiquement fait faillite. Ce sera alors un test quant à leur capacité à harmoniser leur politique locale avec des préoccupations plus internationales.

Les citoyens lambda verront avec animosité une couche d’individus, de familles, ou de groupes fortunés qui se seront rendus mobiles et apatrides, au point d’échapper aux contraintes économiques, politiques et sociales - alors que ceux qui restent auront à les subir.

Au plan international, l’auréole des pays de l’Ouest dont le parcours d’après la 2nde Guerre mondiale avait été présenté comme exemplaire, risque de se ternir rapidement. N’ont-ils pas soutenu des régimes autoritaires, permis à quelques protégés d’accéder à l’arme nucléaire, laissé le droit international et les Droits de l’Homme être bafoués au Moyen-Orient ? La promotion en faveur  de l’égalité et de la transparence pourrait leur revenir en boomerang.

Quelques défis

Le rapport a sélectionné cinq défis mondiaux pour lesquels il présente l’issue la plus défavorable et l’issue la plus favorable, à 20 ans.

Coordination des échanges et de l’économie :
Situation présente : sur 25 ans (1980-2005) le PIB mondial a augmenté d’un tiers et les échangés ont été multipliés par 7… Mais blocage lors des négociations de Doha.
Au pire pour 2030 : on en revient à des arrangements sélectifs ou régionaux mais (sauf catastrophe) sans aller à un protectionnisme comme dans les années ’30.
Au mieux pour 2030 : concessions entre puissances établies et celles en développement ; accord sur Doha ; le G-20 en sort consolidé.

Changements climatiques :
Situation présente : pas d’avancées depuis les accords de Kyoto.
Au pire pour 2030 : un ralentissement économique provoque une absence d’accord ; on ne contrôle plus l’effet de serre.
Au mieux pour 2030 : le surcroît à bas prix apporté par le gaz (de schiste) permet de limiter les émissions (mais pas au point de rester au-dessous de +2°C) ; les pays en développement les plus avancés acceptent aussi des limitations.

Prolifération nucléaire :
Situation présente : on est arrivé à une norme internationale et on cherche à la faire appliquer.
Au pire en 2030 : l’Iran, la Corée du Nord et des terroristes extrémistes parviennent à leurs fins ; la norme de non-prolifération et le système international qui l’encadre s’effondrent.
Au mieux en 2030 : c’est le contraire ; si besoin, les pays occidentaux détenteurs proposent un parapluie à ceux qui seraient menacés.

Prévention des répressions politiques violentes :
Situation présente : depuis la 2nde Guerre mondiale, de telles actions ont été menées de façon sporadiques avec des succès variables.
Au pire en 2030 : les pays occidentaux sont de plus en plus isolés ; le Conseil de Sécurité ne permet plus de telles interventions.
Au mieux en 2030 : L’Inde, le Brésil et d’autres se rapprochent des pays occidentaux, ce qui favorisent des consensus et des interventions.

États défaillants :
Situation présente : quelques tentatives sporadiques mais sans grande ampleur.
Au pire en 2030 : implication internationale insuffisante ; des réseaux criminels ou terroristes fleurissent ; la corruption fait le reste ; le nombre d’États défaillants se multiplie.
Au mieux en 2030 : les puissances émergentes trouvent un intérêt à ce que l’on agisse ; un consensus s’établit autour du G-20, de l’ONU et des régions concernées pour y donner suite.


DAVANTAGE DE CONFLITS ?

Le rapport prévoit une possibilité de diminution des conflits internes aux États et une augmentation des conflits entre États. Donnant la priorité à leur développement économique, les grandes puissances ne s’y engageraient pas directement – mais des erreurs de calcul ne sont pas à exclure. Ce sont le Moyen-Orient et le Sud-asiatique qui seraient les plus belliqueux. La pénurie de ressources essentielles, la dégradation de l’environnement, et la probabilité que les États n’auront plus le monopole des moyens d’une violence à grande échelle, pourraient aggraver la situation.

Déclin envisagé des conflits intra-étatiques

Au cours des 40 dernières années, les guerres civiles et conflits ethniques ont, pour leur plus grande part, éclaté dans des pays où l’âge médian était, au plus, de 25 ans. Depuis 20 ans, le nombre et l’intensité des conflits de ce type a commencé à décroître. Avec le vieillissement de la structure d’âge déjà amorcée en Amérique latine (sauf la Bolivie, le Paraguay, le Guatemala et Haïti), ainsi que dans l’Est-asiatique, ce déclin devrait s’accentuer. Restent l’Afrique subsaharienne orientale, le Moyen-Orient et le Sud-asiatique. Les antagonismes à base ethnique ou religieuse (Kurdes, Chiites…) risquent néanmoins de se maintenir. L’accès à l’eau et aux terres arables pourraient envenimer ces conflits (y compris, localement, en Inde ou en Chine). Avec la sophistication des armes utilisées, on pourrait passer du terrorisme ou de l’insurrection à une guerre de forme plus classique.

Risque accru de conflits interétatiques

Cela fait 70 ans que le monde n’a pas connu de conflits directs entre de grandes puissances. Celles-ci ne semblent pas avoir de motivations importantes de s’y engager. Néanmoins, avec la modification des équilibres de l’Après-Guerre froide, une fragmentation du système international, ainsi qu’une moindre volonté ou capacité des États-Unis de se sentir responsable de la sécurité dans le monde, on pourrait être témoin d’une recrudescence des conflits entre États. À l’origine, on recense surtout de possibles erreurs de calculs à l’occasion de bras-de-fer, l’accès à des ressources essentielles devenant rares, et la diffusion d’un armement sophistiqué.

Ici aussi, le Moyen-Orient est le lieu le plus susceptible de tels déclenchements, avec notamment la nucléarisation de l’Iran et le rôle joué par le Hezbollah. Les tensions indo-pakistanaises sont également préoccupantes.

Du côté chinois, le débat interne reste vif de savoir s’il vaut mieux resté tourné vers soi-même ou bien s’affirmer davantage sur l’espace international. La même question pourrait aussi prendre une forme plus manifeste en Inde – et la méfiance entre ces deux puissances s’exprimer plus directement.

La Russie risque d’être confrontée à un problème similaire, face à la Chine et à son appétit pour les ressources naturelles que recèle la Sibérie. Sur son autre flanc, elle pourrait s’inquiéter de la capacité d’intervention de l’OTAN et des États-Unis dans un éventuel conflit où une ex-république soviétique serait impliquée.

Avec une économie déclinante, l’Europe pourrait s’orienter vers une défense intégrée. Pour des raisons budgétaires de même type, les États-Unis seront tentés d’abandonner en partie leur rôle de garant du système international. Mais un mix de raisons économiques (routes d’accès au pétrole) et géopolitiques (Taïwan) pourrait les mettre face à la Chine.

Frictions liées à l’accès aux ressources

Il s’agit d’abord des ressources minérales et de l’énergie – vitales pour les pays en développement. S’attendre notamment à des disputes majeures à propos des fonds marins. Pour l’eau, une ligne de stress accentuée va parcourir l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, le Centre et le Sud de l’Asie, et le nord de la Chine. C’est de plus une zone où la croissance démographique va perdurer. À surveiller avec plus ou moins d’attention : les bassins d’eau constitués autour des grands fleuves de ces régions.

Diffusion de technologies létales

Avec les progrès en imagerie et autour du GPS, les armes avec précision de frappe deviennent accessibles à la plupart des États et à des acteurs non-étatiques. Ce qui menace notamment les infrastructures critiques et amoindrit les marges d’intervention d’États voisins ou internationales (ONU, OTAN…). Cela peut aussi donner un sentiment illusoire d’infaillibilité à l’attaquant et faire monter la mise.

Dans le cybermonde, on connaît les virus, les chevaux de Troie… Il faudra aussi se préparer à des attaques ciblées et coordonnées qui mettraient pour quelques semaines hors d’état, les réseaux électriques, Internet, les médias de diffusion, le système financier, le trafic aérien, les feux rouges… Initiatives pouvant être de provenance anonyme et à un coût relativement faible pour l’attaquant : celui-ci n’a plus besoin d’avoir la dimension étatique. Du fait du fort degré d’interconnexion atteint dans les pays technologiquement leaders, l’impact sociétal y serait très important. L’alternative est de mettre en place des réseaux non connectés avec les autres… mais c’est dans les pays plus autoritaires que démocratiques que cela se fait le plus facilement. À noter enfin qu’un des emplois de l’arme nucléaire pourrait être de neutraliser cette capacité de connexion chez l’ennemi – et non de tuer des gens.

Un entre par ailleurs dans une époque du do-it-yourself en matière d’armes ou produits biochimiques. Les deux risques étant l’utilisation délibérée… mais aussi par erreur, de façon non intentionnelle.

Quelles formes la guerre pourrait-elle prendre ?

Il est en premier lieu probable que l’éventail de ces formes va encore s’ouvrir. Et il n’est pas exclu que le nucléaire soit employé en Asie ou au Moyen-Orient.

S’attendre aussi à un face-à-face sino-américain quant au contrôle de l’espace maritime et aérien à proximité de la Chine.

Le rapport présente les États-Unis comme poursuivant son désarmement nucléaire, à la différence de la Russie. Renforcement ou arrivée dans le club du Pakistan, de l’Iran et de la Corée du Nord.

Point d’interrogation sur les suites résultant de l’accès rendu plus facile et généralisée à des missiles et aux systèmes pour s’en défendre.

Importance de la capacité d’information sur les cibles, l’emploi des armes, et sur les systèmes de commandement et de contrôle. Naissance, ici aussi d’un antagonisme sino-américain.

Poursuite du recours à des formes hybrides (mélange de guerres régulières et irrégulières).



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