lundi 16 février 2009

Darwin again...


Au 19ème siècle, on se partage entre fixistes et transformistes. En conformité avec la Bible, les premiers ont du mal à rendre compte du cas des espèces dont on sait qu'elles ont disparu. Les seconds ne parviennent pas à convaincre du comment et du pourquoi d'une évolution trop lente à échelle humaine. Novation apportée par Charles Darwin : il n'y a pas de plan préétabli ; un mécanisme d'élimination est à l'œuvre.
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Le dossier de Sciences Humaines
Sciences Humaines consacre à L'Origine des Espèces le principal article de son dossier et l'intitule Aux Origines d'une Idée. L'autre article important - Sélection sexuelle et Civilisation - rend compte de La Filiation de l'Homme, autre ouvrage moins connu de Darwin, écrit 12 ans plus tard. Deux portraits complètent le dossier : Darwin en savant discret ; et, plus noir, son œuvre comme caution des théories raciales qui se sont ensuite développées.

Darwin a pour lui d'avoir rassemblé un grand nombre d'observations. Il a par ailleurs lu, dans Malthus, que le décalage entre la croissance des besoins et celle des ressources faisait que n'arrivaient à survivre que ceux qui se démenaient. Il a enfin su tirer des leçons de ce qu'il a vu chez les éleveurs (voir le dossier de Courrier International).

Si certains historiens en font un savant au service d'une idéologie (c'est le portrait noir), d'autres soulignent qu'il a mis 20 ans avant de publier, qu'il donnait la primauté à la recherche et non à une conviction politique. En chemin, Darwin a perdu la foi ; une correspondance de plus de 40 ans avec sa femme, croyante et attristée, tourne autour de ce sujet. Il est aussi vrai que, par la suite, philosophes, démographes... se sont emparés de son œuvre à des fins les plus variées - eugénisme, ultralibéralisme, collectivisme libertaire, lutte des races...
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Sélection sexuelle et civilisation
Dans La filiation de l'Homme, Darwin apporte une note plus complexe. Certes, l'Homme n'échappe pas aux lois naturelles de l'évolution. Mais il constate que certains de ses critères d'intérêt sont sociaux et vont à l'encontre de la survie individuelle : la clé se trouve dans la sélection sexuelle qui permet selon lui de se reproduire dans un contexte concurrentiel. Elle se surajoute à des conduites de solidarité que l'on observe déjà chez les fourmis, les chiens, les corbeaux... A différenciation sexuelle correspond sélection sexuelle, basée sur la séduction autant que sur la force brute. Ce qui induit une complexification des comportements dont certains ne se basent plus sur un strict égoïsme. Darwin y voit des mécanismes de civilisation.

Illustration : Wolf Erlbruch
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