mercredi 25 février 2009

Darwin : de l'explication à la prédiction

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- Nous avons déjà beaucoup parlé de Darwin, Till... et voici que tu nous présentes encore un autre article... Est-ce bien la peine d'en rajouter ?

- Tu as un peu raison... mais écoute-moi quand même. Et regarde le titre : Unfinished business. La question n'est plus seulement : D'où venons nous ? mais : Et ensuite ?
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Dans le rétroviseur
En premier lieu, sur l'apport de Darwin, on trouve quelques compléments utiles.
Se souvenir d'abord qu'il y a 200 ans, quand Darwin est né, on croyait que la Terre n'avait que 6000 ans ; qu'il n'y avait plus rien dans l'Univers au-delà de notre galaxie, la Voie lactée ; qu'on commençait à peine à avoir une idée sérieuse sur les atomes ; que la radioactivité, la relativité... on n'en n'avait pas idée...
Rappel aussi qu'outre l'Évolutionnisme de Darwin, il y avait le Transformisme de Lamarck. Ce dernier s'imaginait, par exemple, que les ancêtres des girafes avaient étiré leur cou pour pouvoir attraper les feuilles assez hautes - et que leur progéniture avait hérité de la transformation ainsi opérée. On sait que, pour Darwin, il se produit des évolutions au hasard dans le patrimoine génétique des espèces : ne survivent que celles qui ont bénéficié d'une mutation leur permettant de mieux s'adapter à leur environnement.
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Anecdotique
En évoquant ces deux savants Till ne peut pas s'empêcher de souligner qu'à Paris, il y a une rue Lamarck et une rue Darwin : toutes deux sur le flanc de la Butte Montmartre donc très proches l'une de l'autre. Une différence notoire cependant : l'une fait un kilomètre et demi, et la seconde 100 mètres - mais la longueur des rues est-elle la garante de la validité des théories ?
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The Economist, Darwin et l'économie
C'est aussi dans cet article que l'on prend conscience que le magazine chéri de Till est capable de laisser tomber le dogme de l'individu qui ne ferait que des choix économiques rationnels : il admet que l'évolution peut avoir induit à d'autres comportements.
- Les gens ont ainsi tendance à donner relativement plus de valeur à des objets qu'ils ont en leur possession.
- Autre exemple, celui de l'instinct grégaire à la base des bulles financières, ce qui conduit à leur éclatement et à l'enclenchement des crises.
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C'est pas nous, c'est les autres...
Après les zakouskis, le plat de résistance... Les évolutionnistes à la Darwin pensent que leur théorie n'est pas dure à comprendre : ce sont les autres qui dépensent leur énergie à ne pas comprendre (la résistance, vous connaissez ?) Ne pas être la cerise sur le gâteau de l'évolution, ça dérange. Être le banal résultat d'un cocktail à base de fruit du hasard, dans le shaker de la lutte pour survivre - pas glorieux.
Cette potion avalée, on débat autour de Va-t-on du plus simple au plus complexe ? Ou quoi ?
A partir d'organismes simplets, il semble aller de soi qu'on est allé vers le plus compliqué.
Mais pour les tenants du Ou quoi, c'est curieux que, par des chemins distincts, des espèces différentes soient parvenues à des solutions similaires (yeux, dents, amorces de cerveaux, écosystèmes, organisation sociale...)
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La lutte pour la (sur)vie, c'est dépassé ?
Autre angle de tir : si cerise sur le gâteau il y a, n'en sommes nous pas à une étape où l'espèce humaine se comprend de plus en plus elle-même et se rend moins tributaire, et de son environnement et du simple mécanisme de la lutte pour la vie ?
Voilà, conclut Till, comment The Economist est passé de : Why we are as we are à ce nouvel article : Unfinished business.
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Qu'en penses-tu ? ajoute-t-il.
Or il meurt d'envie d'y mettre son grain de sel : Et toi ?
Il donne trois pistes :
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Cybernétique : Grâce aux effets stabilisateurs du feed-back (l'effet en retour), on franchit des niveaux. A l'étage inférieur, ça devient complexe mais résiste à l'épreuve du temps - c'est cette base stable qui sert de plancher d'apparence simple à l'étage suivant : on passe des particules élémentaires aux atomes, puis aux molécules, aux protéines, aux cellules, aux organismes simples, etc. Idem pour les puces qui composent un ordinateur ; itou, à partir de bouts de logiciel vers des applications aussi complexes que ce traitement de texte. N'est-ce pas, en partie, la manière dont un enfant découvre le monde ?
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Scientifico-théologique : le jésuite Teilhard de Chardin s'est fait taper sur les doigts (il a été déchargé de son enseignement en 1925 et ses écrits mis à l'Index ; même en 1962, une mise en garde à titre posthume a été promulguée). Dieu sait pourtant s'il a essayé de rafistoler évolutionnisme et téléologie avec son point Omega, aboutissement de la complexification et du degré de conscience.
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Psychanalytique : c'est au patient que l'on prête habituellement la résistance (force s'opposant au retour au conscient des pensées inconscientes) ; au sein du mouvement psychanalytique, certains parlent d'une résistance du psychanalyste (sa problématique personnelle le rend incapable d'entendre ce que dit le patient). Serait-ce transposable aux théoriciens de l'évolutionnisme ?
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