lundi 16 février 2009

Un Darwin œdipien ?

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Science, traduit par CI : Darwin aurait tué Dieu
Courrier International (CI) a bien visé : il est daté du 12 février 2009, bicentenaire de la naissance de Charles Darwin. En couverture : L'homme qui a tué Dieu et un dossier autour d'un article de Peter J. Bowler paru dans Science. Ce magazine a été fondé en 1848 (pas loin de 1859, n'est-ce pas ?) et fournit un panorama fouillé des débats sur la science. L'auteur de l'article n'est pas un simple écrivassier de cette publication : on lui doit Darwin, l'homme et son influence. Le dossier de CI pèse l'équivalent d'une dizaine de billets de ce bloc-notes - dont 80% sous la plume de Bowler. Que nous dit-il ?
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Quels sont les véritables apports de Darwin ?
Que Darwin ne fut pas le premier à opposer l'idée d'évolution à celle d'une création divine des espèces suivie par un développement en fonction d'un plan cohérent, en vue d'une finalité (on dit aussi : une téléologie).
Sa vision du processus était en revanche nouvelle : une adaptation à l'environnement où les moins aptes finissent par disparaître.
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Autre composante : l'existence - au hasard, sans but précis - de variations génétiques permettant d'ouvrir l'éventail des options possibles parmi lesquelles s'effectue cette sélection naturelle. Il avait tiré cela en observant des éleveurs de pigeons qui, certes, avaient eux un but et décidaient de ce qu'ils sélectionnaient... Mais cela lui avait permis de le constater à une échelle de temps humaine sans avoir à remonter sur des millénaires.
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Conséquence sur la classification des espèces : partir de l'idée d'un ancêtre commun, à l'image des branches d'un arbre, plutôt que de ranger dans des tiroirs empilés à partir de critères de ressemblance. Dit rapidement : une espèce se définit comme une population d'individus s'interfécondant même si, a priori, on ne les aurait pas rangés dans le même tiroir sur la base de leurs ressemblances.
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De fortes résistances
L'apport de Darwin a longtemps rencontré de fortes résistances chez les scientifiques - ne parlons pas des milieux religieux ni du récent débat sur le créationnisme, notamment aux États-Unis.
Science a rendu compte en 2006 d'une étude à ce sujet. A la question Les hommes se sont-ils développés à partir d'espèces animales existant auparavant ?, la différence entre les OUI et les NON a été :
DK, F, J ............................... plus de 70% ;
GB, E, D, I, H ...................... 50-70% ;
P, CH, PL ............................. 35-50% ;
USA .................................... match nul ;
Turquie ............................... 25% en faveur du NON.



Les utilisations très déplaisantes de sa théorie
Cela étant - mais c'est sur un autre plan - il ne faut pas sous-estimer le fait que cette théorie a été adoptée de façon plus que déplaisante par certains milieux qui se sont positionnés comme les éleveurs avec leurs pigeons et cherché à empêcher les inaptes à se reproduire - il s'agit de l'eugénisme avec sa mise en application plus extrême sous les Nazis.

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