mardi 10 mai 2011

Quelques marches de plus



La précédente réunion des bénévoles date d’un bon mois – d’avant les vacances de Printemps. Je n’y étais pas, m’étant envolé peu avant pour Varsovie. Je m’appuie ici sur le compte rendu dont je viens de prendre connaissance et sur quelques souvenirs de séances de mars auprès d’Émile.

Assumer ses peurs
Parmi les évolutions notables on trouve que, désormais, il met des mots sur ses peurs… et les surmonte. Au cours des vacances de février, il a participé à une croisière. Il y avait un vent qu’il avait du mal à supporter, au point de demander de se mettre à l’abri. Mais le lendemain : Ça y est, je n’ai plus peur du vent…

De façon plus générale, Émile en arrive à parler d’anciennes peurs, à tenter de les expliquer et à les surmonter. Mais, quand on s’engage avec lui dans un jeu où l’on peut gagner ou perdre, la peur de l’échec reste là : il n’hésite pas à tricher ni à inventer des règles qui l’assurent que c’est son partenaire qui aura le dessous. Il s’en est pourtant trouvé un qui, dans l’imaginaire, a fait appel au juge ; Émile est alors entré dans ce jeu et l’a laissé gagner.

Évolution d’ailleurs, à propos du passage par l’imaginaire : on semble sortir du stade où Émile avait (comme les tout-petits) du mal à faire la différence entre la réalité et l’imaginaire. Ça vient – il prend mieux conscience qu’il est dans une situation de jeu - mais du chemin reste à faire vers l’abstrait et l’implicite…

Se frayer son chemin dans le monde extérieur
Après deux ans passés principalement en intérieur – surtout dans sa salle de jeu – Émile a de plus en plus d’occasions de sortir, de découvrir le monde et de se frotter aux gens qu’il y rencontre. Dans les magasins, ce peut être lui qui donne l’argent pour payer. Il aime prendre les transports et n’a plus peur du métro. Il visite Paris et ses monuments. Il regarde, il commente. Et, sa sœur aidant, il est en mesure de raconter tout cela, notamment aux bénévoles lors des séances, photos à l’appui, que l’on cherche à positionner sur des plans.

De même, il s’intéresse de plus en plus à ceux qui l’entourent et à poser des questions à leur sujet. Si, en séance, il se met à lire un livre, il vient en même temps chercher le regard de celui qui est là. Intérêt et questionnement qui peuvent masquer quelques réticences : demander son avis à une ou un bénévole, sur ses préférences, peut être une façon de ne pas donner le sien.

Sortir, c’est aussi croiser des gens. S’il y en a un peu beaucoup, cela devient moins évident : Émile passe… mais en les bousculant quand même. Recommandation faite au passage : il sort de son enfermement ; à force d’expériences, il prend davantage conscience des gens autour de lui et devrait se sentir de moins en moins agressé par cet environnement… mais y aller à doses homéopathiques.

Plus finement réglé, le moteur monte en régime
Avant de conclure sur les apprentissages en vue d’une future scolarisation, arrêtons-nous sur la motricité. Émile ressent certes mieux son corps mais il reste à faire. Il est ainsi proposé, en priorité maintenant, d’en affiner les sensations – chercher, par exemple, à reconnaître des objets sans la vue, notions de chaud / froid, de lourd / léger, etc.

Progrès à poursuivre également (du roller, pourquoi pas ?), alors que sa confiance en lui-même s’accroît et qu’il prend des risques (sauter de l’étagère en escalier). Pour ce qui est de la motricité dite fine, la salle de jeu ne semble plus être l’endroit idéal : cela se passe plus spontanément pour des gestes de tous les jours ou ailleurs (mettre du sel dans l’eau, ouvrir grand la main au piano) ou au cours des apprentissages (découper, colorier…).

Scolarisation… mais à l’horizon
Les apprentissages, venons-y. La soif d’apprendre est très forte. Émile sait lire silencieusement, tout en comprenant ce qu’il lit, en dégageant le thème d’une histoire, en répondant au pourquoi. En grammaire, les pronoms personnels sont acquis. En calcul, c’est la manipulation des chiffres jusqu’à 10, du calcul mental… et compter de 10 en 10.

Très organisé, il se comporte en élève dans la préparation de ses affaires. Il fait aussi preuve de plus de souplesse en acceptant qu’une activité soit remplacée par une autre. Mais il n’a pas encore la capacité de répondre par écrit. Il va bientôt démarrer l’écrit à l’ordinateur (les deux mains) et commencer à avoir des devoirs à faire seul.

Autre aspect – sa capacité de s’investir dans des apprentissages au sein d’un groupe : on n’en n’est pas encore là. Contact a été pris avec l’école pour envisager une expérience de socialisation dans une classe qui correspond à son âge : ce serait une heure et demi par semaine, sur un créneau où Émile pourrait se sentir à l’aise (livres, lecture…).

L’illustration de ce billet s’inspire d’un escalier design, trouvé sur le site suivant :

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