mardi 17 mai 2011

Hors info en boucle

Nul besoin de ressasser pour les lecteurs de ce bloc-notes, ce que les médias ont produit entre les 15 et 17 mai. Voici, en revanche, quelques échantillons à l’écart de ce qui s’obstinait à rester en surface.

Dans le blog Démystifier la finance, éthique et marchés, un billet de Georges Ugeux, portant sur l’impact européen et mondial :

La mise en examen de Dominique Strauss Kahn est un drame à beaucoup de niveaux.

Je ne m’étendrai pas sur les faits sur lesquels tout a été dit. DSK a souvent mis en épingle et condamné la violence faite aux femmes dans les pays en voie de développement. La femme de chambre qui travaillait au Sofitel était d’origine africaine.

Pour ma part, je vois plusieurs niveaux de conséquences :
1. Pour le Fonds Monétaire International […]
2. Pour les pays en voie de développement […]
3. Pour l’Europe […]
4. La France […]
[…]
Enfin, permettez-moi une réflexion personnelle. C’est toujours avec une immense tristesse que je vois tomber un homme que j’ai connu et souvent admiré pour ses actions courageuses dans le monde de la finance internationale où peu de leaders avaient sa stature et son autorité. […]



Sous le titre Chronique d’une chute annoncée, PressEurop reproduit des extraits d’un article de François Bonnet dans Mediapart, qui s’intitulait Les deux erreurs du PS.

La sidération qui semble avoir saisi le pays face aux images d'un Dominique Strauss-Kahn comparaissant devant le tribunal de New York, entre petits délinquants et trafiquants de drogue, doit aussi fonctionner comme un brutal rappel au réel. […] C'est une bonne nouvelle, même si notre pays s'est habitué, de guerre lasse, à considérer – parfois à tort – que l'impunité était un privilège dû aux puissants.

1.- La première erreur provient de l'entourage le plus proche de Dominique Strauss-Kahn. Elle consiste en une défense aveugle et sans distance de l'inculpé, au risque de faire grossir le malaise. […] depuis des années, de nombreux journalistes ont décrit par de prudentes ellipses la vie de Dominique Strauss-Kahn : ont-ils failli dans ce qui est une de leurs missions, le devoir d'alerter ? […]

2.- La deuxième erreur est celle-là directement politique et vient de la direction du parti socialiste. "Le parti n'est ni affaibli, ni décapité" […]


Directement pris dans Mediapart, cette fois, la réaction venue la veille de Michel Broué, mathématicien dans le civil : Et la présomption de victime ?

"Indignez-vous" ? Je le suis, indigné, par les réactions politico-médiatiques manifestant "la stupeur", "l'incrédulité", affirmant que "tout cela ne ressemble en rien à DSK", voire évoquant un "complot" … alors que dans le même temps on n'entend rien, aucune marque de respect, aucune solidarité avec la "femme de chambre", comme ils disent – hormis quelques questions soupçonneuses à son égard.
[…]
On a ri jaune, ou on s'est indigné, quand Stéphane Guillon conseillait aux femmes de se mettre aux abris lors de la venue de DSK à France Inter, alors que tout le monde savait bien pourquoi Guillon disait cela. […]


Dominique Seux, éditorialiste aux Échos, s’est d’entrée de jeu intéressé aux lourds effets à l’international de cette affaire. Celui qui, dans les commentaires, lui apporte systématiquement la réplique, sous le pseudonyme de Blackstream, a ainsi réagi :

[…] je me contenterai donc de poser quelques questions et de faire quelques remarques que je n’ai pas entendues dans le flot de blabla des radios que j’ai écoutées d’une oreille distraite … je n’ai même pas allumé la télé.
[…]
Allez, j’y vais, comme tout le monde, de mon hypothèse, la mienne étant empruntée à la psychanalyse : il s’agit d’un acte manqué. Harcelé pour se présenter aux présidentielles par son ambitieuse femme et quelques disciples en mal de retour sous les ors de la République, mais n’ayant pas envie de revoir pendant cinq ou dix ans les bobines des socialistes, ni de revivre leurs querelles, il s’est mis inconsciemment en état d’y échapper, soit en perdant les pédales, soit en se faisant couillonner. Ce genre de comportement est bien connu des psychiatres, et malheureusement trop souvent cause de suicides … heureusement, D$K est sans doute trop narcissique pour en arriver à cette extrémité. […]


Le lendemain, l’éditorialiste livrait un billet, porté à la réflexion : l’éditorialiste face à l’impensable

Retour sur l’état de "sidération" dans laquelle nous a plongés l’affaire DSK depuis 48 heures. Avec une réflexion sur notre métier de commentateur. Au-delà de l’affaire Strauss-Kahn, on ne peut en effet qu’être frappé, ces derniers mois, par la multiplication d’événements, de chocs, dont la force symbolique est énorme, qui nous "sidèrent" et dont il est difficile d’évaluer à chaud les conséquences. Pour ne prendre que ceux qui ont aussi des implications économiques (on ne parle donc pas de la mort de Ben Laden), il y a eu ce printemps arabe inattendu ; le séisme au Japon et l’accident de Fukushima ; la crise au Portugal et en Grèce ; la guerre en Libye ; et ce bouleversement à la tête du FMI qui provoque un tsunami politique en France. Ces événements n’ont rien à voir, certains sont réjouissants, d’autres pas, d’autres glauques. Mais ils invitent les commentateurs à prendre garde à trois pièges : la précipitation, l’exagération et l’inattention. [L’article développe alors ces trois points].


Andreï Fediachine est un chroniqueur régulier pour l’agence de presse internationale russe RIA Novosti. Il a signé sur le sujet qui nous intéresse un article : DSK ou les ambitions présidentielles envolées dans la rubrique Débats – ce qui permet à l’agence de souligner que l’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

[…] Cela paraît irréel et hollywoodien. […] n’avait-il pas d’autres possibilités d’étancher sa fringale érotique […]

Tout le monde invite maintenant à respecter le principe de la présomption d’innocence […] Et c’est normal. Dommage, bien entendu, que dans le feu de l’action on oublie complètement la victime présumée : c’est comme si son rôle dans cette affaire était terminé. […]

[…] Tenter de trouver un seul président français n'ayant jamais commis ce péché véniel relèverait de la gageure. Toutefois, les Français savent très bien faire la distinction entre les amours "coupables" et le viol. […]

Le plus extraordinaire dans tout cela est que c’est Nicolas Sarkozy qui a maintenant de bonnes chances de redevenir locataire du palais de l’Elysée en 2012. […]

Certains experts commencent à y déceler les prémisses de la répétition de la Grande catastrophe survenue lors de l’élection présidentielle de 2002 à laquelle trop de candidats représentant la gauche avaient participé et lors de laquelle le Front national, avec son leader de l’époque, Jean-Marie Le Pen, s’était subitement retrouvé en deuxième position. […]

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