mardi 29 décembre 2009

2009 – Art et littérature



Je poursuis ici ma revue de quelques blogs croisés en 2009 (voir celui sur la finance, d'hier lundi 28 décembre et – mais dans un tout autre esprit – l'analyse d'un autre sur la philosophie, du dimanche 27).
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On ne trouve pas le blog de Thierry Savatier – Les Mauvaises Fréquentations (sous-entendu : les artistes) – parmi les invités du site lemonde.fr : il fait partie des 30 ou 40 qui ont été sélectionnés sur le millier qui s’y expriment. Prendre du plaisir à le parcourir n’exige pas d’en partager les goûts ni les prises de positions. Sa lecture est le plus souvent stimulante. Ce qui s’y affiche et le style font le reste. Je n’ai pas fait de décompte exact : lancé en mars 2008, ce blog doit approcher les 150 articles – peu de commentaires.

L’auteur : Thierry SavatierLa cinquantaine, professionnellement consultant en intelligence économique et en management interculturel (TSR, La Rochelle). Sa passion de la littérature et de l’art – servie par des archives familiales portant sur le XIXe siècle – l’a conduit à produire plusieurs ouvrages, notamment sur Courbet (L’Origine du monde) et sur La Présidente (Joséphine Savatier son arrière-grand-tante, dite aussi Apollonie Sabatier – ce qui lui permet d’évoquer Théophile Gautier, Gustave Flaubert et Charles Baudelaire). Son blog est l’occasion de faire partager ses impressions sur des livres, des expositions ou l’actualité.

Autour de quelques articles
Les condensés ou reconstitutions d’articles sous forme d' enchainement d'extraits peuvent générer des biais qui relèvent de ma responsabilité. Il est recommandé de prendre connaissance de la formulation originale dans les articles mêmes du blog :
(
http://savatier.blog.lemonde.fr/).

4 mars 2008 – Le psychiatre et son double
11 mars – Lacan dira-t-on…
Dans la présentation qu'il fait de lui-même, l’auteur dit avoir emprunté le titre du blog aux mémoires de Gaston Ferdière. Il s’en explique dans son billet initial, où il décrit cet homme anticonformiste, poète égaré en médecine ou médecin égaré en poésie, qui avait de 1943 à 1946 recueilli à l’asile de Rodez et soigné Antonin Artaud. Thierry Savatier était plus tard allé lui rendre visite pour parler avec lui d’art et de littérature... Or la profession de son hôte jette un pont en direction d’un autre thème que l'on perçoit en contrepoint, et dans ce blog, et dans des livres que Savatier a signés.

Une semaine à peine se passe qu’il rend compte dans un autre billet d’un ouvrage paru six ans plus tôt de Corinne Maier, psychanalyste (elle vit avec un lacanien, nombre de ses meilleurs amis sont lacaniens, elle-même se définit lacanienne) : Lacan dira-t-on, guide humoristique – sans agressivité – au cœur de la Lacanie.

Or L’Origine du monde de Savatier, enquête très documentée parue en 2006 sur l’histoire du tableau du même nom de Gustave Courbet, nous précise de façon minutieuse que cette œuvre a finalement été acquise en 1955 par Jacques Lacan, longtemps masquée à son domicile par un autre tableau, puis remise au Musée d’Orsay après la mort de ce dernier. Art, littérature et psychanalyse ont, entre temps, poursuivi leur concerto familial : la seconde épouse de Lacan, une actrice, avait auparavant été mariée à Georges Bataille et en avait eu une fille, devenue psychanalyste – elle eut ensuite une autre fille, avec Lacan… celle-ci deviendra psychanalyste à son tour.

26 avril, 6 et 30 octobre, 5 et 22 décembre 2009 – Œnologie
Plusieurs articles sont consacrés à la gastronomie, dont quelques-uns s’attardent sur le vin

Ainsi, l’auteur se souvient d’un dîner donné en Angleterre par un hôte qui possède une cave plus qu’enviable. On y avait notamment servi un Chablis tout à fait étonnant. Il eut l’idée saugrenue de demander à son voisin – un homme d’affaires scandinave – comment il le trouvait. Après avoir réfléchi quelques secondes, celui-ci répondit : blanc ! Il était parfaitement sérieux. Mais confronté à un vin, les mots lui manquaient.

Tout autre lieu, le Liban. Parmi les recommandations de Savatier : Château Kefraya – après s’être aéré une vingtaine de minutes le 2003 réserve un vrai plaisir... mais n’atteint cependant pas le millésime 2002 qui se caractérise par une belle robe rubis-pourpre, des arômes de tabac et une dominante de cerise. Une véritable réussite, le Nectar de Kefraya, avec sa splendide robe couleur vieil or présentant quelques reflets ambrés. Ce vin liquoreux puissant, chaleureux sans être envahissant, qui titre 18°, présente un concentré de saveurs où se mêlent le miel, la cire d’abeille et la noix.

Au château de la Malmaison est organisée jusqu’au 8 mars 2010 une très intéressante exposition : La Cave de Joséphine. Dans l’inventaire dressé lors de son décès en 1814, plus de 13.000 bouteilles avaient été répertoriées. Ce qui surprend, c’est la diversité : si les préférences allaient alors aux vins de Bourgogne, aux champagnes et aux liquoreux, Joséphine de Beauharnais sut mettre les Bordeaux à l’honneur, en incluant la plupart des meilleurs crus (Château Margaux, Lafitte, Latour et Haut-Brion), mais aussi les Côtes du Rhône et les vins étrangers. Les multiples provenances géographiques prouvent autant son éclectisme que sa curiosité ; elles préfigurent aussi ce que sera le goût des XIXe et XXe siècles.

De son côté, la Tour d’Argent livre sa cave aux enchères : 450.000 bouteilles y reposent, dont les plus anciennes remontent à l’Ancien Régime. Les 18.000 qui seront dispersées feront rêver les amateurs et déchaîneront la concurrence parmi les collectionneurs car il s’agit ici de vins de plaisir et de légende.


Le Livre des vins rares ou disparus de Robert de Goulaine : le voyage auquel il nous convie ressemble à un vagabondage autour du globe – il suffit de le savourer page après page. Cet auteur ne cherche pas à proposer un guide supplémentaire. Les vins dont il est ici question relèvent de l’exception. Ils offrent une personnalité et une qualité qui les éloignent de tous les produits standardisés, lesquels, aujourd’hui, remplissent les rayons des supermarchés et de bien d’autres boutiques.

A l’attaque
Les articles que je mets dans cette rubrique (et qui reçoivent plus de commentaires que la moyenne) étant assez consistants, seule une partie de l’argumentaire a été reproduite

27 octobre 2009 – Le Syndrome du Titanic est-il un naufrage ?
Nous étions moins de dix spectateurs, mercredi dernier en fin d’après-midi, dans la salle du seul cinéma de Lille où l’on projetait Le Syndrome du Titanic, constate notre auteur. Comment expliquer cet échec commercial ? Pour la sortie de Home, Yann Arthus-Bertrand avait misé sur la gratuité, afin d’en faire profiter le plus grand nombre, soit 8 millions de téléspectateurs (plus des internautes et ceux qui s’étaient rendus à des projections publiques). Bien que son film ait, lui aussi, été entièrement financé par ses mécènes, Hulot a préféré un mode de diffusion classique ; il fallait payer pour voir.

Les relations qu’entretiennent les stars de l’écologie avec l’argent relèvent parfois du paradoxe : condamner le système dans lequel elles vivent tout en recherchant une maximisation des profits, voilà qui est plutôt singulier. Jacques-Yves Cousteau était passé maître dans cet art délicat.

La politique de distribution ne justifie pas tout : c’est probablement au film lui-même qu’il faut se référer pour comprendre ce naufrage. Entre de rares images vraiment esthétiques, s’interposent de longues séquences sélectionnées pour leur caractère anxiogène, émotionnel, parfois voyeuriste et, surtout, à vocation culpabilisatrice. Autre image, celle montrant une horde de touristes venus photographier les himbas dans leur village : cette forme pour le moins déplacée de safari photo a quelque chose d’insultant pour la dignité de ces habitants, comme fut en son temps insultant, pour les habitants des pays traversés, le Paris-Dakar que Nicolas Hulot connaît bien, pour y avoir participé en 1980, au volant d’un Range Rover sponsorisé, sans s’être alors soucié des questions éthiques que cette course pouvait légitimement soulever…

12 décembre – Quand la loi Hadopi ne suffit plus…
La rapacité des sociétés de droits d’auteurs ne semble connaître aucune limite. Ces sociétés avaient assuré que ce texte représentait LA solution pour faire barrage au piratage, à l’exclusion notamment de la licence globale.
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Que la présomption d’innocence fût violée, le reversement de la charge de la preuve instauré, un dispositif mouchard obligatoire sur chaque ordinateur, quelques lampistes objets de sanctions, ceux qui, bien que ne téléchargeant jamais, injustement poursuivis parce que leur WIFI serait piratée… ne leur posaient aucun problème éthique.

Les promoteurs de cette loi ne semblent s’être finalement appuyés que sur une notion qui défie toute logique, hors celle de la répression, et qui s’apparente à une forme de religion dont la maximisation des profits serait le credo. On affirma ainsi que les Français étaient les champions du monde du téléchargement illégal – ce que plusieurs études contestent formellement : les Chinois seraient en effet les premiers (78%), suivis des Russes (68%), des Indiens (48%), des Espagnols (44%), des Italiens (34%)… plus loin, les Américains (18%) – mais en France, 15% seulement. L’Hadopi est mise en place à grands renforts de moyens. Projet de loi de finance : 5,3 millions € sous forme de subvention, soit à peu près la somme des crédits centraux et déconcentrés consacrés au livre (respectivement 2,9 et 3 millions).

Ces derniers temps, la SACEM et l’ADAMI veulent qu'en outre les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) leur versent une prestation compensatoire destinée à couvrir le préjudice passé et futur de leurs ayants-droits. La manne dépasserait les 200 millions € par an. Afin – disent-elles – que ce coût ne soit pas supporté par les internautes, elles préconisent une baisse du taux de TVA sur les abonnements, le reliquat devant être financé par les FAI : ce serait à l’Etat (donc au contribuable) par le biais d’une mesure fiscale, et à ces FAI (contrecoup sur leurs clients), de prendre en charge ces compensations.

Nous nous trouverions ainsi devant une forme déguisée de cette licence globale initialement refusée, laquelle viendrait s’ajouter à la loi Hadopi et... à la redevance sur la copie privée instaurée depuis la loi du 31 juillet 1985 sur tous les supports vierges d’enregistrement (CD, DVD, etc.) vendus en France, qui est déjà reversée aux sociétés de droits d’auteurs.

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