mardi 24 décembre 2013
La bulle UE éclate – l’Euro survit
CONDENSÉ
L’information
en ligne est abondante.
Ce
qu’on y trouve est inégal.
Ce
qui suit est le condensé de l’un des articles que j’y ai repérés.
(Remarks at the
Festival of Economics, Trento
Italy, par George Soros –2 juin
2012)
La
théorie économique s’est plantée – mais qui pourra dire pourquoi ?
Elle a cru trouver son modèle dans la
physique classique. Les sciences de
la nature s’occupent de faits objectifs par rapport auxquelles on peut juger de
leur validité : la réalité obéit à des lois universelles et éternelles. Avec
les sciences sociales, on a affaire à des gens qui pensent et dont les décisions ont
une influence sur le cours des choses. Or ces décisions prennent appui sur une interprétation
de la réalité qui n’a rien d’objectif – on ne dispose plus de cette belle
certitude qui caractérise la physique classique.
Science
pourtant sociale, la théorie
économique a voulu l’ignorer. Ou plutôt à contourner ce statut en adoptant une
démarche axiomatique. Ça a marché un peu (dans le cas de l’échange de biens
physiques, par exemple) mais n’est pas allé très loin – dès que l’on a abordé
des questions liées à la production et, plus encore, la monnaie et le crédit.
Karl Popper, le maître de George Soros, aimait à rappeler que l’interprétation que les gens
se font de la réalité en diffère souvent fortement. D'un côté, ils cherchent à comprendre ce qui
se passe (fonction cognitive) et de l’autre ils veulent l’influencer (fonction
manipulatrice)… et quand les deux se
manifestent au même moment, une boucle se met en place : ce n’est pas
exactement la réalité que l’on voit, puisque celle-ci dépend de la façon dont
on envisage les choses et des décisions que l’on prend… et ces décisions que l’on
prend dépendent d’hypothèses que l’on fait sur un futur qui, lui-même, dépend
des décisions qui vont être prises.
Par
ailleurs – et d’entrée de jeu – la compréhension des choses est loin d’être
parfaite. Couplé à la boucle (au
cercle vicieux) décrit juste avant, ce handicap initial se traduit par un décalage qui s'entretient lui-même, entre la réalité telle qu’on la conçoit et comment les choses sont, en fait… et par
un décalage entre ce à quoi on s’attend et ce qui se passe finalement.
Dans
le domaine qui est le sien – celui des marchés
financiers - George Soros a élaboré un modèle de bulle qui est intrinsèque à ces marchés,
en ce qu’il ne dépend pas de chocs venus de l’extérieur… et qui n’est pas
psychologique non plus. Cela commence à partir du moment où une tendance majeure se manifeste
dans la réalité mais que l’on interprète mal. Au cours d'une première phase, cette interprétation erronée contribue à renforcer cette tendance.
Mais au bout d’un certain temps cela devient intenable : l’interprétation et la tendance exécutent
alors un demi-tour – en général à toute vitesse : c'est la seconde phase, dévastatrice.
On
n’en n’arrive pas à tous les coups à ce résultat désastreux (il se peut qu'un certain équilibre se maintienne)… Il n’empêche que l’issue est généralement imprévisible
et que de telles crises se produisent. À chaque fois, on cherche à en tirer la leçon – ce qui débouche sur l’élaboration de nouvelles règles : ainsi va l’évolution. Mais la raison profonde qui conduit à la formation des bulles n’en disparaît pas pour autant.
Il
faut admettre que, notamment dans le domaine politique, il existe aussi des boucles (cercle vicieux entre interprétation biaisée de la
réalité et décisions prises à partir de cela), couplées à une compréhension des choses d’entrée de jeu
imparfaite. Or ce qui se passe dans le
domaine politique n’est pas sans incidence sur le domaine financier.
Après
avoir souligné que ce n’est pas tant la direction que prend le phénomène de
constitution d’une bulle (et donc de son potentiel éclatement), mais bien
plutôt de l’importance qu’elle va prendre et combien de temps cela va durer, George
Soros en vient à la crise de l’Euro (voir directement son article en anglais).
Ce qui est ici condensé a été rédigé en 2012. Selon George Soros,
la bulle est alors davantage politique que financière, le mécanisme qu’il a exposé
s’applique à la façon dont – depuis déjà longtemps – on a procédé à la mise en
place de l’Union européenne pas-à-pas. Il s'est agi à chaque fois d'un objectif limité. Cela a constitué une succession de défis qui, jusqu'à présent, ont certes été relevés mais qui, à chaque fois, ont imposé d’imaginer
un pas suivant… jusqu'à ce
que cela devienne insoutenable.
En
résumé, la crise apparente est celle de l’Euro – mais pour lui, c’est la "bulle Union européenne" qui risque d’éclater… alors que, paradoxalement, l’Euro pourrait réussir à
survivre !
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