dimanche 26 juin 2011

Un pied dans l'école


La réunion des bénévoles de fin mai aura été la dernière avant la période d’été. Il est prévu quelque chose de moins studieux, un mois plus tard – comme une fête… où Émile sera présent.

Une étape importante et bien préparée
Émile venait tout juste d’avoir pris le chemin de l’école. Ne serait-ce qu’une heure par semaine pour l’instant. Mais avec l’intention d’augmenter la dose si les premières tentatives se passaient bien. Cela a été le cas dès la première fois. Et cela s’est confirmé les semaines suivantes aussi (ce billet est rédigé dans la deuxième quinzaine de juin).

Il faut dire que la transition avait été soigneusement préparée : la directrice connaissait la famille et était partante ; l’institutrice – qui avait déjà une expérience de ce genre de situation – était également motivée ; Émile avait à ses côtés, dans la classe, une assistante de vie scolaire, ce qui le sécurisait, et au cas où ; ses parents avaient non seulement tenu à lui expliquer, presque pas-à-pas, comment cela allait se passer, mais ils avaient tenu à le transcrire bien lisiblement sur quelques feuilles pour qu’Émile puisse de nouveau s’y référer.

Quelle ou quel bénévole n’a pas eu droit, dans les jours qui ont précédé ce grand jour, à une lecture in extenso par Émile de ce texte préparatoire ? Ponctuée par l’exclamation : Je suis heureux ! qui voulait dire à la fois qu’Émile se sentait mûr et avide de prendre le chemin de l’école, comme les autres enfants, mais peut-être aussi qu’il testait ce mot heureux, pour voir ce que ça faisait à ses interlocuteurs et qu'il explorait comment se formule et se partage l’expression d’un certain bonheur que l’on s’attend à découvrir.

Le fait est qu’à la sortie de cette heure vécue de façon calme et attentive parmi d’autres élèves de CE2, de son âge (avec lesquels, il est vrai, il n’y a pas encore eu beaucoup d’interactions), Émile était tout fier… et loquace – se promettant d’y revenir la semaine suivante. Il a été décidé d’augmenter la dose avant même la fin de cette année scolaire – prélude à une démarche destinée à s’intensifier à partir de la prochaine rentrée de septembre.

Euphorie ?
La psychomotricienne considère que son rôle est terminé : Émile est désormais quelqu’un qui habite son corps, pour qui l’autre existe, et dont la motricité fine ne manquera pas, dorénavant, de s’acquérir au contact de ses pairs…

Le psychothérapeute ne cache pas sa surprise devant le niveau de compréhension manifesté par Émile en lecture… et en matière d’humour…

… École, psy- et psy-, autant de bénédictions pour se mettre à bâtir des plans pour l’année prochaine, en s’appuyant sur quatre piliers : bénévoles, école à domicile, scolarisation progressive, activités extérieures (ateliers, théâtre, anglais, sports, piano…). Tendance caractéristique : plus de temps pour l’école et sans doute moins avec les bénévoles.

Venait-elle de relire Perrette et le pot au lait ? A la vue d’un tel programme, la présidente de l’association qui apporte son soutien aux familles et qui est forte d’une expérience acquise à travers nombre de situations de ce genre, l'a certes approuvé mais elle a néanmoins actionné un signal d’alarme : Si Émile va à l’école, ne serait-ce qu’à temps partiel, cela va le fatiguer et lui demander des efforts. Si on ajoute des activités extérieures, notamment en groupe, on aura là une autre source d’angoisse et de fatigue. Or les enfants dans son cas restent fragiles – pour les consolider, il faut du zéro stress. Elle conseille donc que la moitié du temps qui ne sera pas consacrée aux activités scolaires (à domicile ou en classe) reste suffisamment orientée vers une activité ludique, telle que la pratiquent les bénévoles, et n’incorpore qu’une seule activité sportive et une seule activité culturelle extérieure.

Les soubassements du conceptuel
Le compte rendu de fin mai, sur lequel je m’appuie, comporte une analyse documentée de ce qui est remonté de la réunion avec les parents, les bénévoles et les maîtresses à domicile, assortie de propositions. Bon nombre de ces remarques sont dans la continuité de ce qui avait été constaté les fois précédentes et elles soulignent les progrès. Même si on y met en relief quelques faits nouveaux, il n'est pas impérativement nécessaire d'y revenir cette fois encore.

Je me contente ici de donner un coup de projecteur sur une interrogation qui a surgi à propos de la découverte du monde qu’Émile fait à l’occasion de ses lectures : Est-ce qu’il comprend tout ? Une tentative de réponse y a été donnée, complétée par la façon d’en tenir compte ensuite. Dans la mesure où Émile n’a pas vécu consciemment une bonne partie de l’éveil du tout petit enfant, il faudrait associer sa découverte du monde (qui reste relativement conceptuelle, si on s’en tient aux mots apparus au cours de sa lecture) à des apprentissages plus directs. Exemple : aller voir cet été un champ de blé, un moulin, une boulangerie… et ainsi assembler des éléments de réponse à une question du genre : d’où vient le pain ?

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