Le présent billet fait suite à celui du 15 avril. Il fait partie d’une séquence sur le Cerveau commencée le 4 juin 2010 (voir la liste des thèmes dans la marge de droite). Il n'est pas exclu qu'au cours de la traduction et en cherchant à condenser, il y ait eu des erreurs ou une mauvaise compréhension : se référer directement à l'ouvrage mentionné ci-dessus.
mardi 15 mai 2012
Entre les deux… (21)
Dewey et James :
contexte et nature de la vérité
Philosophe empiriste américain, John Dewey s’interroge sur
le fait qu’habituellement, lorsqu’on raisonne sur des choses, on les sort de
leur contexte. Lui et William James s’attaquent ainsi au problème de la vérité
dans un monde où les choses se modifient selon leur contexte et où la nature de
la pensée (mind) qui
permet de les connaître, fait elle-même partie de ce contexte.
.
James affiche la différence de sa démarche avec celle de la
scholastique qui consiste à ajouter une brique de certitude à la
précédente : pour lui, la compréhension part d’un tout qui
éclaire les parties qui le composent – vérité certes provisoire mais dont il
n’y a pas lieu d’abandonner la quête. De son côté, Dewey dénonce l’attitude
passive – comparable à celle d’un pur spectateur - de la philosophie classique.
.
Des Allemands et des Français du courant de la
phénoménologie reprendront la balle au bond.
.
Husserl et l’idée
d’intersubjectivité
Edmund Husserl est le pionnier de la phénoménologie :
il a cherché à étudier objectivement l’état de conscience ainsi que
l’expérience qu’on en a (les phénomènes), à la première personne. Bien que
lesté d’un bagage scientifique et philosophique des plus classiques, il est
arrivé à la conclusion qu’un rationalisme devenu un peu fou et un aveuglement à
l’égard du transcendantal sont à l’origine de la crise du modernisme européen.
.
Dépassant les dichotomies subjectif/objectif et
réalisme/idéalisme, il a insisté sur le rôle de l’empathie (pour lui :
ressentir ce que les autres ressentent) au cours de la démarche consistant à se
construire un monde. Il a conclu à l’existence d’une réalité objective mais
comme expérience partagée (intersubjectivité). Quant au corps, on peut le
considérer comme un objet matériel, bien distinct comme les autres objets, mais
nous en avons tout autant une expérience vécue de l’intérieur et que, dans
l’action d’autres que nous vivent cette même expérience.
.
Digression
L’auteur s’arrête un moment
sur le célèbre dilemme du prisonnier : deux suspects dont on ne sait
lequel a fait un mauvais coup, sont isolés chacun dans une cellule. On leur
propose que celui qui dénoncera l’autre sera libéré et que l’autre aura la
peine maximale ; en cas de dénonciation réciproque, ils écoperont tous les
deux d’une peine modérée ; et si tous les deux se taisent, ils auront
chacun une peine légère.
.
S’opposent ici deux
démarches : l’une, utilitaire et calculatrice, typique de l’hémisphère
gauche (et bonne pour les philosophes, pour les programmeurs informatiques… et
diagnostiquée chez certains psychopathes, insinue l’auteur) ; l’autre
démarche, empathique et altruiste, correspond mieux à l’hémisphère droit. Le
pur calcul, chacun pour soi, conduit à une dénonciation réciproque et à une
peine modérée pour l’un et l’autre, alors que l’empathie altruiste sans aucun
calcul, résulte dans le fait que tous les deux se taisent et ne pâtiront que de
la peine légère.
.
Les expériences qui ont été
faites montrent que la plupart des sujets jouent le jeu de la coopération mutuelle
plutôt que de se confiner à un calcul individuel intéressé. De plus, on détecte
alors une plus grande activité des aires du cerveau associées au plaisir, ou
bien dans l’hémisphère droit. Dans certains cas, on s’est arrangé pour que l’un
des deux partenaires soit un ordinateur : ce sont, cette fois, les aires
de l’hémisphère gauche qui sont entrées en action.
.
Merleau-Ponty :
l’empathie et le corps
Maurice Merleau-Ponty est l’héritier de Husserl pour ce qui
est du corps vécu, et de Bergson selon qui le corps sert
d’intermédiaire à notre expérience en ce que celle-ci est immergée dans le
monde. Pour lui, le corps est le lieu où la conscience et le corps se relient
et s’engagent mutuellement. Les objets n’existent pas de façon isolée les uns
des autres mais sont le reflet d’une coexistence plus large. D’où un sens
intrinsèque d’incomplétude de perspective, et d’une profondeur qui est absente
si on ne s’attache qu’aux reflets distincts d’un objet.
.
Les cas cliniques d’apraxie
(incapacité d’agir) peuvent éclairer ce point : pour des lésions du
cerveau droit, est touchée la relation entre le corps et le sujet, ou bien
entre le corps et l’espace environnant ; pour les lésions du cerveau
gauche, c’est la capacité d’utiliser directement un objet qui est mise à mal.
.
Ainsi, parvient-on à la vérité par un engagement vis-à-vis
du monde (et non pas via une abstraction), et en privilégiant le général sur le
particulier, l’infini plutôt que le fini. C’est l’enracinement du langage et de
la pensée dans le corps – expérience émotionnelle et viscérale que nous
partageons avec les autres – qui permet de parvenir à une vérité partagée, même
si celle-ci reste relative.
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The Master and his Emissary – The divided brain and the making of the Western world – Iain McGilchrist – Yale University Press – 2009 – 597 pages...
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Le présent billet fait suite à celui du 15 avril. Il fait partie d’une séquence sur le Cerveau commencée le 4 juin 2010 (voir la liste des thèmes dans la marge de droite). Il n'est pas exclu qu'au cours de la traduction et en cherchant à condenser, il y ait eu des erreurs ou une mauvaise compréhension : se référer directement à l'ouvrage mentionné ci-dessus.
Le présent billet fait suite à celui du 15 avril. Il fait partie d’une séquence sur le Cerveau commencée le 4 juin 2010 (voir la liste des thèmes dans la marge de droite). Il n'est pas exclu qu'au cours de la traduction et en cherchant à condenser, il y ait eu des erreurs ou une mauvaise compréhension : se référer directement à l'ouvrage mentionné ci-dessus.
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