Gauguin puis les Nabis

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Avec cet article se clôt une série qui m'a été inspirée par la traduction d'une chronique parisienne datant de 1894. Celle qui écrivait depuis Paris pour ses lecteurs varsoviens s'appelait Gabriela Zapolska. Elle a cherché – avec beaucoup d'intuition et de justesse quand on pense qu'elle n'était pas une spécialiste – à dégager quelles étaient les principales directions que prenait alors la peinture. Opération à chaud, pas évidente. Si elle revenait maintenant pour se relire, je crois qu'elle n'aurait pas à en rougir, au contraire.

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Merci à Luna et Arturo, les traducteurs, d'avoir mis ce texte à notre portée et permis d'en donner ici des extraits.
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Gauguin et les Symbolistes

Nous terminons aujourd'hui avec Gauguin. Cinq ans plus tôt, au moment de l'Exposition universelle de 1889, il était le chef de file de ceux que l'on appelait les Synthétistes – une poignée. Pour attirer l'attention du public, ils ont organisé une petite exposition dans un modeste café. Un autre groupe, des poètes cette fois, a estimé que cette peinture dénotait une filiation commune à ce qu'il y avait dans leurs propres œuvres. Ces poètes étaient les Symbolistes : la dénomination s'est également imposée pour ce groupe de peintres - dans le jargon moqueur du monde artistique, les Symbolos.

« Paul Gauguin […] est encore jeune [45 ans], énergique, audacieux mais d'un grand orgueil démesuré. [Il] a commencé comme Impressionniste mais [selon lui,] transmettre des impressions reçues en observant la nature ne suffisait pas, […] il manquait un style. […] Ne voulant pas imposer à tous un seul style, […] il a souhaité que chaque artiste fasse sortir de son âme son style, celui qu'il avait en lui. Il s'est consacré à la composition, [il s'est aussi] tourné vers la sculpture sur bois et vers la céramique. »

« Cette recherche est la cause principale du voyage de Gauguin et des études qu'il a entreprises à la Martinique et à Tahiti. […] A l'automne dernier, il a exposé près de 200 toiles – moisson qu'il a ramenée après ces quelques années où il a séjourné à Tahiti. Je ne vais pas m'évertuer à décrire la beauté de ces œuvres. […] Plus personne ne se moque et chacun rend pour ainsi dire hommage à cet un art abouti, plein, qui fuse sous l'effet d'une force vitale, qui traduit un condensé de l'âme, non l'habileté de la main de l'artiste. »

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Les Nabis
« Il y a aussi ceux qui s'en tiennent à un chemin qu'ils se sont fixé […] A leur tête, Sérusier [compagnon de Zapolska, il va avoir 30 ans – les autres Nabis - Denis, Vuillard, Bonnard… sont un peu plus jeunes]. Symboliste jusqu'à la moelle, naturaliste abouti, souvent brutal, principalement soucieux de l'harmonie des couleurs et des lignes. […] De temps à autre, ils organisent une exposition de leurs travaux dans une petite boutique : Le Barc de Boutteville. […] Auparavant on riait et on les blaguait – aujourd'hui on se contente de murmurer : C'est curieux. »

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Le tableau de Paul Gauguin qui illustre cet article s'intitule : Ardarea