Où en sommes-nous donc ?
En partant de ses intérêts spontanés, en jouant avec lui, en lui manifestant approbation et affection les bénévoles qui se relaient maintenant auprès de lui, lui ont donné l’occasion de refaire un parcours dont certaines étapes lui manquaient. En guère plus d’un an, les progrès sont manifestes. En particulier, parce qu’il ressent beaucoup mieux ce que certaines parties de son corps avaient tendance à ignorer – ce qui transforme sa façon d’être au monde et ses relations avec les autres.
On s’en rend compte à voir Émile plus à l’aise dans son corps et faire ce qu’il fait de manière plus consciente – on l’entend et on le voit penser. Il arrive aussi à mieux exprimer et communiquer ses sentiments… et à chercher à communiquer tout court : on l'a vu aller spontanément à la rencontre d’autres enfants qu’il ne connaissait pas jusqu’alors, à chercher à attirer l’attention d’inconnu(e)s – au point de se demander : pourquoi ? s’il n’y a pas de répondant.
Mais attention quand même : un certain contraste est là, entre une intelligence de 7 ans (l’âge qu’il a) et une affectivité qui reste parfois celle d’un bien petit garçon. Ainsi, en cas de difficulté, Émile peut réagir en faisant le bazar : d’où lui montrer comment y faire face – respirer un bon coup, prendre son temps, demander de l’aide – et en commentant verbalement ce qui se passe.
Transition
Là-aussi, le ressenti par le corps a son importance. Déjà que tout n’est pas encore parfait de ce côté-là (transvaser, par exemple, de l’eau, de la semoule, voire des haricots… d’un récipient à l’autre). Il s’agit ici désormais de la perception des limites de son corps et de celui de l’autre notamment – revenons à ce qui se passe pour un petit enfant. Et l'on sait aussi que cette prise de distance peut être angoissante, qu’une oscillation se déclenche entre des refus qu’il exprime et le besoin de s’assurer d’être aimé, et physiquement (câlins) et en se parlant.
Autre distinction à laquelle on invite les bénévoles à être attentifs : celle entre le réel et l’imaginaire. Ainsi, le fait de préciser à quels moments on est dans le faire-semblant et l’imaginaire (on joue à faire semblant, c’est un jeu, c’est une histoire…) favorisera notamment l’ancrage dans le réel. Et quand, par ailleurs, Émile se met à employer des mots qui n’existent pas, à se lancer dans de grandes phrases dont le fil directeur n’est pas évident, ou à modifier les règles à l’occasion d’un jeu de société : lui renvoyer le mot adéquat, donner un sens et une logique à ses histoires, privilégier des jeux dont les règles paraissent plus simples.
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D’autres articles sont voisins, notamment ceux sous le thème du Cerveau, ainsi que ceux des 15 et 16 juin 2009 (Chiffres, langues… et Savants vs neurotypiques, qui figurent aussi sous le thème de l’Autisme), ou du 27 juin 2009 (Mémoire photographique)