mercredi 16 décembre 2015
La raison a ses raisons que le cœur ne connaît point
L’empathie – propension
naturelle à se mettre à la place d’autrui et à ressentir ce qu’éprouvent nos
semblables – est perçue en général comme un de nos traits les plus exquis.
Mais
pourtant…
-
Nous
sommes enclins à en ressentir davantage pour des personnes séduisantes, qui
nous ressemblent, ou avec qui nous partageons des racines ethniques ou
nationales.
-
Une
seule souffrance proche compte plus que toutes les souffrances – surtout si
elles sont lointaines.
-
On
peut – sans justification ni fondement moral, devenir agressif envers ceux qui
ne sont pas l’objet de notre empathie (des vérifications expérimentales
l’indiqueraient).
-
On
peut artificiellement brandir des victimes (qui recueilleront notre empathie)
pour lancer des campagnes de peur et de haine et motiver des décisions à la
limite abjectes contre de prétendus responsables (ex. : lynchage des
Noirs, attitudes vis-à-vis d’étrangers…)
Notre
cerveau est le siège de processus lents (dont
examen des conséquences les mieux adaptées à ce que l’on fait) et d’autres rapides (application de normes préprogrammées sous le coup de
l’émotion).
En pratique,
l’évolution nous a câblés pour éviter de nuire à nos proches… mais ce n’est pas
le cas pour – par exemple – la justice internationale, les rapports nord/Sud,
la question des réfugiés… Vous avez dit globalisation ?
Certes,
l’habitude, l’éducation, les domaines d’expertise…
Il n'empêche
que nos intuitions morales ne sont systématiquement pas très bonnes lorsqu’on
agit à distance et que les émotions qui déclenchent nos jugements instantanés
n'ont pas toujours raison.
Source :
http://www.letemps.ch/sciences/2015/12/10/bons-sentiments-ont-sombre-versant-preuve-science
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