mercredi 1 janvier 2014
Autour de la musique et de la voix
CONDENSÉS
La presse en ligne est abondante.
Ce qu’on y trouve est inégal.
Je n’y ai sélectionné que quelques titres
et repéré quelques articles.
Ce qui suit est le condensé de quelques uns
d’entre eux.
Voix et
texte
(LE TEMPS – Quotidien de Suisse romande – 17 février 2012 – Jonas
Pulver)
La
soprano française Natalie Dessay exerce la fascination de l’éther.
Sa tessiture de colorature lui a ouvert toutes les scènes, mais, après tant
d’années essentiellement offertes au spectacle lyrique, des polypes aux cordes
vocales ont dit l’usure, et contraint la star à s’éloigner des plateaux.
Or
au don de voix répond un don de soi qui en fait une actrice saisissante. Le
texte. Natalie Dessay le chérit par-dessus tout. C’est son paradoxe: alors que durant
ses jeunes années, on l’a tant admirée pour sa tessiture vif-argent, elle, ne
jure que par le théâtre. Enfant déjà, je
savais combien devenir adulte me pèserait. Je préfère jouer, même des histoires
déchirantes. Il me faut les mots des autres. Alors je me transforme en
conteuse.
Elle
s’était initialement essayée aux planches, avait fréquenté un temps la Faculté
d’allemand. Mais l’attrait de cette voix incomparable a été plus fort. Une voix
infiniment haute et pure, extrêmement agile et
très facile,
comme elle aime la décrire à la troisième personne.
Au niveau du chant,
j’ai l’impression d’avoir accompli ce qui devait l’être. Je rêverais de me
lancer dans Puccini ou Wagner, mais je ne suis pas équipée en conséquence.
Alors, je vais finir ce que j’ai à faire, et changer d’orientation.
Elle
s’imagine. Sur les planches. J’attends d’un
metteur en scène qu’il me guide comme on accompagne les premiers pas d’un
enfant. Qu’il me regarde. Qu’il m’aime […] C’est comme lorsque je fais du
trapèze. Inutile d’avoir compris en théorie. Ce qui compte, c’est que je
possède le mouvement, que je l’intègre physiquement. Du trapèze? Oui, j’ai commencé à en faire dans une école de cirque. Pour
devenir clown trapéziste.
Accompagner
(LE TEMPS –Quotidien de Suisse romande – 28 juin 2013 – Julian
Sykes)
Helmut Deutsch, est aujourd’hui l’un des
pianistes accompagnateurs les plus recherchés.
Baignant dans le milieu viennois des années
1950, il a très vite assimilé le répertoire du lied. À 3 ou 4 ans, il a déjà
dans l’oreille la plupart
des célèbres lieder de Schubert et Mozart. En revanche, il
commence le piano assez tard.
Selon lui, la profession de pianiste
accompagnateur a radicalement changé depuis 40 ans : Aujourd’hui, les chanteurs au plus haut niveau
acceptent que nous soyons des partenaires. Beaucoup veulent être guidés,
poussés, stimulés. Aujourd’hui, aucun pianiste accompagnateur ne se demanderait
s’il joue trop fort. Il se demande s’il joue trop vite, ou trop lentement.
Sa percée à lui, il l’accomplit dès 1980 en
accompagnant Hermann Prey
pendant près de douze ans – l’autre
baryton
que Fischer-Dieskau considérait comme un rival.
Être
un pianiste accompagnateur est beaucoup plus difficile qu’on ne l’imagine. On
ne joue pas le 3e Concerto de Rachmaninov,
mais en une seule minute d’un lied de Strauss ou Wolf, il peut y avoir autant de difficultés. Il ne
faut pas être timide, surtout pas !
Chanter
(HUFFINGTON POST –25 août 2013)
Lorsque
plusieurs personnes chantent à l'unisson, non seulement les différentes voix
d'une chorale s'harmonisent mais leurs battements de cœur se synchronisent.
Un
peu d'exercice vocal aide à muscler le voile du palais et la partie supérieure de la gorge liés à la respiration.
Aussi
bizarre que l'idée puisse paraître, mettre un vibromasseur sur la gorge relaxe
la tension du larynx : cela améliore la puissance et la projection de la
voix, et permet de monter dans les octaves.
On
peut travailler sa propre voix et l'effet qu'elle va avoir sur son corps. Par
des séries de vocalises on apprend à mieux gérer ses émotions. Cela s'adresse
aussi bien aux chanteurs professionnels qu’à ceux qui ne chantent que sous la
douche.
La
pratique du chant aide à renforcer le système immunitaire, régule l’humeur et évite
d'avoir le blues. Chez des personnes ayant coutume de chanter dans une chorale
notamment, la production d'immunoglobuline A (un anticorps) augmente.
Un pianiste
(LA RÉPUBLIQUE
DES LIVRES – 10 novembre 2013 – Pierre
Assouline)
Alexandre
Tharaud relève de la catégorie assez particulière de ces musiciens qui ne
possèdent pas d’instrument chez eux. Il avait bien autrefois un demi-queue
Bösendorfer jusqu’à ce qu’il décide de s’en séparer. Depuis, il n’a de piano
que celui des autres. Volontairement. Pour travailler loin de chez lui, distinguer
ses univers, ne pas laisser étouffer par ses livres, ses partitions, ses images
familières, privilégier la concentration. Il dispose donc d’un trousseau de
clefs ouvrant plusieurs appartements parisiens appartenant soit à des proches
soit à des mélomanes de rencontre qu’il connaît à peine. Ils ont en commun de
posséder un piano et de vivre dans des lieux inspirants qui dégagent une
énergie dont il se nourrit. On lui demande parfois d’arroser les plantes.
Produit d’une longue et riche conversation,
ces propos figurent dans un livre signé Philippe Rey. Alexandre Tharaud a
toujours déchiffré et improvisé. La concentration est bien sûr essentielle.
Chez lui, yoga, natation, technique Alexander et longue sieste de l’après-midi.
Il constate qu’il pratique en fait deux métiers : enregistrer un disque
revient à chuchoter à l’oreille de l’auditeur, donner un concert consiste à
s’adresser à celui du dernier rang.
Un film documentaire de Raphaëlle Aellig
Régnier, vient également de lui être consacré. Plutôt la captation d’un regard,
d’un esprit, d’une âme. Non sa vision du monde mais sa sensation du monde. Le
voyage, la répétition, le concert, la chambre d’hôtel, la solitude au bout du
monde, et le ressac de ce rituel parfois exténuant sont le lot de tant
d’interprètes sans que jamais rien n’en affleure publiquement. La réalisatrice excelle
à rendre son toucher, ce qu’il a à la fois de déterminé et d’aérien. Cet Alexandre
Tharaud, le temps dérobé renouvelle le genre du documentaire sur la musique
et ouvre une voie.
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