On pouvait s’y attendre : le lecteur a le droit à un coup d’œil obligé dans le rétroviseur. Mais, sous prétexte de chiffre rond, le fin fond de l’événementiel c’est de vendre ce même lecteur pour de la pub. Gagné ! 40% de la pagination y est consacrée (contre 25% et 12% respectivement pour les deux numéros ordinaires suivants). Et cette réclame va pour un lecteur fana de tourisme et de destinations lointaines à 35%, de parfums et d’alcools à 25% et d’autos-motos à 12% – belle compagnie.
Dans ce rétroviseur que voit-on ? A priori 50 couvertures chocs et 100 petites phrases – en fait, une surreprésentation du passé proche. Le poids des couvertures ne relève pas du choc : l’évocation mosaïque de ces deux décennies se suffit. Quant aux petites phrases, mieux vaut être indulgent. Plus curieux est que la période des pionniers est sous-représentée et que celle managée par l’actuelle équipe rafle la plus grande partie de la mise : les années 1990-94 comptent chacune pour un quart tandis que chacune de celles de 2002 à maintenant pèsent 8 fois plus pour les petites phrases et 5 fois plus pour les couvertures – la pondération pour les années intermédiaires est entre les deux.
Passons sous silence un supplément – pages centrales (ad usum delphini ?) pour les insiders qui ont dû se repasser le trousseau de clés – tiré à quelques 200 000 exemplaires comme le reste. Mentionnons les 1000 merci (en fait, moins de la moitié) en autant de langues : qui pourra, sans rougir, dire qui dit ici merci à qui ? Je me doutais qu’il y avait environ 1 milliard de locuteurs de 1ère ou 2ème langue à pouvoir respectivement dire merci en mandarin, en anglais et en hindi ou approchant… mais j’y ai appris qu’ils n’étaient guère plus d’une douzaine à pouvoir l’exprimer en itzà (Guatemala), en cahuille (États-Unis), en vod (Russie) ou en livonien (Lettonie).
Restent une dizaine de scénarios pour le futur dont, par leur diversité, quelques uns permettent d’ouvrir la réflexion : si cette initiative est une illustration de la devise l’anticipation au quotidien que semble avoir adoptée le magazine, tant mieux – sans oublier pour autant le quotidien. Je retiendrai ici :
Quand Ankara et Varsovie feront la loi.
Le modèle européen s’impose partout.
L’islam à la conquête du Vieux Continent.
A la rencontre de l’humanité 3.0.
Saignant votre steak in vitro ?
Si la température montait de 4°c…
Les années 2000 dans le rétroviseur.
Qui trop embrasse, mal étreint dit le proverbe. C'est ainsi que chacun de ces scénarios recèle un évident avantage : il explore avec une profondeur certaine un des aspects de nos avenirs potentiels. Focalisation dont je suis reconnaissant aux auteurs. Il nous reste en revanche, en passant de l'un à l'autre, à saisir en quoi les différentes dimensions qui s'y déploient interfèrent entre elles – ce qui nous invite à progresser quelques pas plus avant.
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