On en arrive à se demander si, en temps qu’institution, le Sénat même n’aurait pas pris ses distances : à la différence de l’an dernier, il faut un réel savoir-faire et une certaine obstination pour dénicher cette manifestation sur le site http://www.senat.fr/ et apprendre qu'elle n’est pas totalement enterrée.
Il faut rappeler que, sous le titre «Du vent dans les Branches», ce que l’on avait pu voir en 2008 avait laissé les médias particulièrement cois. Ou plutôt : ne sachant que dire et se contentant, dans plus de 9 cas sur 10, de faire un «copier / coller» du commentaire diffusé par les organisateurs – ce qui est devenu une pratique classique pour l’art contemporain. Vide intersidéral dans les blogs… parfois quelques photos – stop – à vous d’en penser ce que vous voulez.
Pour ceux qui veulent relever la sauce, ces quelques extraits repêchés dans un repli de la toile : «Regardons cet art du XXIe siècle, exposé au vu de tous, librement, gratuitement […] Le culte de l'objet sans âme. […] Il faut s'y faire […] C'est la mode. […] Un vent souffle dans les branches. Vous aimez le vent ? Vous êtes dans le vent.»
Ténacité
Il n’y a que le provisoire qui dure et on finissait par s’y habituer. Les adeptes du tai-chi qui ont élu le Luxembourg pour leurs évolutions au ralenti, à la fois légères et martiales, semblaient, jour après jour, chercher à en conjurer la présence.
Comme on l’apercevait de loin en venant du boulevard Saint-Michel, certains guides en avaient fait leur point de rendez-vous. Et qui dit groupe de touristes dit photo-souvenir : ça flashait pas mal pour ce visage au regard vide et cela ne m’étonnerait pas qu’on le retrouve dans quantité d’albums aux quatre coins de la planète.
Une petite pancarte, tout près du sol sous son menton précisait que c’était «Le Prophète» qui y était représenté (et même le «prophète des prophètes» pour ceux qui ont fureté dans les catalogues). Mais parfois, il fallait bien essayer de traduire.
Perplexité
A disparu… c’est vite dit. Il a délaissé la Rive gauche pour la Rive droite, s’est campé au dos de l’église de la Madeleine, dans l’axe de la rue Tronchet, le regard cette fois orienté vers le Nord. «C’est du Nord aujourd’hui que nous vient la Lumière…» avait, sur le tard en 1771, écrit Voltaire à la Grande Catherine.
Huit tonnes à transporter, ce n’a pas dû être rien. Il a encore, ces jours-ci, le crochet qui lui a été vissé sur le crâne. Je m’imagine le trajet fait de nuit, la tête bardée de catadioptres rouges suspendue à l’arrière d’un camion grue. Elle s’éloigne du Panthéon qu’elle contemplait depuis un an et où reposent les cendres de Tronchet, justement, cet avocat qui a défendu Louis XVI à son procès. Elle longe la Seine, puis change quelque part de rive. Toujours encadrée par des motards, elle traverse la place de la Concorde que l’on aménage pour le grand défilé du «Bastille Day», dans quelques jours. Puis elle s’engouffre dans la rue Royale avant d’atteindre son nouveau poste d’observation – entre Hédiard et Fauchon, près de la Pinacothèque, donc de Suzanne Valadon et de Maurice Utrillo jusqu’à mi-septembre.
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