dimanche 27 juin 2010

A mi-2010 – Articles du Temps


Ce qui suit regroupe quelques condensés d’articles de fond récents, parus dans le quotidien suisse de langue française, Le Temps. On peut en prendre connaissance sur le site Internet du journal : http://www.letemps.ch/ ce qui permettra d’aller plus en profondeur que l’assemblage d’extraits qui est ici fourni.
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Voici la généalogie du Temps : Créé en 1798, Le Peuple vaudois devient la Gazette de Lausanne en 1803. En 1991, celle-ci est absorbée par Le Journal de Genève (qui était publié depuis 1826) et perd son nom en 1998, lorsque ce dernier fusionne avec Lé Nouveau Quotidien (journal beaucoup plus récent : il paraissait à Lausanne depuis 1991) pour devenir Le Temps.
Les quatre autres principaux quotidiens de Suisse romande sont :
- La Tribune de Genève (créé en 1879).
- Le Matin (qui, en 1984, a pris la suite de la Tribune de Lausanne, elle-même ayant succédé en 1895 à L’Estafette, créée en 1862).
- 24 heures, issu en 1972 de la Feuille d’avis de Lausanne, qui remonte à 1762.
- Et l’édition romande du journal gratuit et très récent : 20 minutes.

The EconomistUn article du 4 mai, signé par Xavier Ternisien, s’intéresse à la santé florissante du magazine The Economist. Autour de 60% de son chiffre d’affaires est réalisée par la publicité. Situation étonnante, alors que la presse occidentale traverse une crise profonde, qu’il s’agit d’une maquette austère autour d’une écriture relativement dense, et que l’hebdomadaire (qui, en dépit de son nom, ne traite pas seulement d’économie) ne diffuse qu’une seule et même édition sur les cinq continents, sans concession ni adaptation au lectorat local.

Tous les lundis matin, une conférence de rédaction a lieu pour fixer le thème de la couverture, les cinq grands sujets et les éditoriaux. Elle réunit les journalistes présents à Londres et ceux en poste à l’étranger, qui s’expriment par téléphone ou vidéoconférence. Elle donne lieu à un vrai débat, chacun pouvant s’exprimer librement, Les articles ne sont pas signés et engagent toute la rédaction. Il faut être concis, dense; privilégier les mots les plus courts.

L’idée est que cela s’inscrit dans une tendance de fond – l’ère de l’intelligence de masse : Sous l’effet de l’éducation et de la prospérité économique, le nombre de personnes ayant accès à la culture a augmenté, The Economist a su séduire les Américains, d’ordinaire peu intéressés par ce qui se passe en dehors de leurs frontières : il leur propose une fenêtre sur le monde. Il a pourtant été pris plusieurs fois en défaut : ainsi, il a pris position pour la guerre en Irak (l’épisode a laissé des traces douloureuses) ; plus récemment, la crise financière semble avoir donné tort à ses positions très libérales. The Economist s’en défend : Nous avons alerté sur la folie des marchés et les niveaux de l’immobilier aux États-Unis… et maintenant à propos de la ruée sur la régulation.

Pas plus de deux choses à la foisC’est ce que souligne Lucia Sillig, dans son article du 12 mai : Le cerveau peut répartir deux objectifs entre ses deux hémisphères. Mais il n’arrive pas à en gérer trois simultanément. Notons tout de suite qu’il n’y a aucune différence à cet égard entre les femmes et les hommes.

Lorsque le cerveau est confronté à une seule tâche, ses deux lobes frontaux coopèrent pour représenter le but à atteindre. Quand un deuxième exercice apparaît, un lobe garde la représentation de la tâche précédente, afin de pouvoir y retourner. Plus précisément, lorsqu’il n’y a qu’une chose à faire, on ne constate que 3% d’erreurs. Avec deux tâches, le temps de réaction augmente d’un dixième de seconde et le taux d’erreurs augmente de 2-3%... mais quand une troisième tâche se présente on passe à 25% d’erreurs.

Les êtres humains font des choix optimaux face à des questions binaires Tant qu’il n’y a que deux options, le sujet peut les garder à l’esprit et les analyser, mais ce n’est plus le cas si les alternatives sont multiples. Il semble qu’il procède par élimination, en les comparant deux à deux.

Question : n’est-il pas possible, par exemple, de téléphoner en conduisant ? Réponse : oui, en basculant de l’une à l’autre, mais cela à un coût. Notamment d’un dixième de seconde de temps de réaction en plus – ce qui est comparable à l’effet de 0,8 pour mille d’alcool dans le sang. Tout ce qui demande une prise de décision ou de la planification occupe toute notre attention : les tâches correspondantes requièrent un aller-retour cérébral. En revanche, certaines tâches peuvent être – du moins en partie – accomplies en parallèle, par exemple repasser et regarder la télévision,

Décrypter les expressions du visage et les traduire en émotions
Dans un article daté du 1er juin, Ghislaine Bloch nous relate l’expérience suivante : une webcam ordinaire filme le visage de quelqu’un. Instantanément, une grille verte suit ce visage qui apparaît sur un écran d’ordinateur. Ce dispositif permet de déceler, y compris via Internet, sept émotions de base: la joie, la peur, la tristesse, le dégoût, la haine, la surprise et des sentiments neutres. Dans le cas d’un visage apeuré, par exemple, on assiste à un lever des sourcils, à une tension des lèvres et à l’abaissement de la mâchoire inférieure. Cette technique est aujourd’hui utilisée par la police, par les services de douanes ou de sécurité dans les aéroports.

Elle pourrait également s’appliquer au domaine du marketing. Jusqu’à présent la plupart du temps, avant le lancement d’une campagne publicitaire, un panel de consommateurs volontaires se soumet à un questionnaire sur Internet ou directement auprès de psychologues. Ici on envisage d’aller plus loin, car nos expressions peuvent parfois dire tout autre chose que nos paroles. Ceux qui l’emploient n’auront rien à installer. On pourra aussi s’attaquer à d’autres marchés, tels la téléphonie, les jeux et les réseaux sociaux

Prochaine étape : repérer avec précision sur quelle partie de l’écran se fixent les yeux.

Molière revu et corrigé (?)
Le 5 juin, Alexandre Demidoff est allé interroger l’un des responsables d’une nouvelle édition des œuvres de Molière dans la collection de la Pléiade.

Pourquoi cette nouvelle édition? Non seulement Molière reste populaire mais il a été victime d’un certain nombre de clichés, hérités en partie de la IIIe République et du XIXe siècle. On l’a érigé en auteur de la nation, en héraut du peuple… et insisté sur les persécutions dont il aurait été victime, de la part des dévots. Tout cela est idéologique
N’a-t’il pas connu des revers de fortune ? Pour prendre un langage actuel, son train de vie est celui d’une vedette d’Hollywood. Il n’a jamais été pauvre.
Ne s’est-il pas décrit en persécuté ? C’est une posture, une manière de faire parler de lui Molière est un businessman averti. Notons par ailleurs que l’un des lieux communs de la culture mondaine, celle des salons auxquels il appartient, est qu’éditer ses œuvres ne se faisait alors pas Ce qui décide Molière à imprimer, c’est sans doute le piratage.
Comment expliquer la persistance de son succès ? Au XVIIe, ses pièces s’adressent à une toute petite frange de la population, aisée, du négociant à l’aristocrate. Ce microcosme se défie du mariage, honnit l’ostentation religieuse, la pédanterie. Cette vision des choses, minoritaire alors, est aujourd’hui commune. On se retrouve dans Molière.

Un mouvement orthodoxe juif qui ne reconnait pas l’État d’Israël
Le 21 juin, Serge Dumont rend compte d’un entretien avec un représentant du mouvement Toldot Aaron qui se positionne à la pointe du combat contre l’Etat sioniste : c’est au cœur des plus vieux des quartiers de Jérusalem que se trouvent ses 10 000 membres (on estime à au moins 400 000 le nombre de juifs ultra-ortho­doxes). Il leur est interdit de quitter la ville sacrée et d’entretenir des contacts avec des représentants du monde impie sans autorisation de leur autorité. Les jours précédents, il venait de réunir 100 000 personnes pour fustiger l’ingérence de la Cour suprême israélienne, qui venait d’interdire la ségrégation entre enfants ashkénazes et séfarades dans une école religieuse.

Interview - L’État sioniste est un État imposteur et criminel dont les agents prétendent représenter le peuple juif. Nous ne le reconnaissons pas plus que les lois de sa soi-disant Knesset et les jugements de ses tribunaux. Je n’ai pas de carte d’identité et je ne suis pas inscrit à la sécurité sociale. Toldot Aaron dispose de ses propres tribunaux rabbiniques et de son propre réseau scolaire.

Nous avons des médecins, des dentistes, des épiceries. Bref, nous n’avons besoin de personne. Le cas échéant, les familles demandent au rabbin, qui dispose de fonds envoyés par les communautés sœurs de l’étranger. Les valeurs matérielles n’ont aucune importance pour nous. A contrario, nous accordons la plus grande importance à l’éducation des enfants dans les vraies valeurs juives et à la vie familiale.

Nous sommes antisionistes mais nous ne faisons pas de politique. Israël n’est pas mon pays. C’est une structure imposée à partir de l’étranger par des gens qui se prétendent Juifs : dans cinq ou dans cent ans, leur État finira par disparaître. Nous sommes persuadés que la société moderne va droit dans le mur et tant mieux si l’on nous prend pour des fous.

Méthane dans l’atmosphère et réchauffement climatiqueDans un article du 25 juin, Denis Delbecq donne quelques précisions sur l’éventualité d’une présence accrue de méthane dans l’atmosphère : à volume égal, ce gaz à effet de serre réchauffe vingt fois plus le climat que le gaz carbonique. La conclusion est que ce gaz ne provient pas des fameux hydrates qui piègent des quantités formidables de gaz naturel au fond des océans. Celles-ci présentent des caractéristiques différentes de celles qu’on déniche dans les sols humides ou gelés en permanence (appelés pergélisol ou permafrost).
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Or on vient de déterminer qu’à l’époque de réchauffement climatique qui sert de référence pour les chercheurs dans ce domaine – c’est-à-dire il y a 33 700 et 41 000 ans – ce sont des émissions de méthane provenant des sols humides et de la fonte des pergélisols, et non des hydrates de méthane océaniques, qui ont eu lieu. Si on est rassuré d’un côté, il n’en reste pas moins que le méthane libéré par le dégel des sols observé dans les régions boréales apparaît comme une réelle menace

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