mardi 19 janvier 2010

Un 21ème siècle américain


Cette année, le politologue américain George Friedman a publié chez Doubleday The next 100 years, a forecast for the 21st century. Ce sont des extraits de l’avant-propos de cet ouvrage que la revue mexicaine Nexos a publiés sous son dossier : México 2080, una profecía geopolítica. Courrier International l'a traduit parmi les scénarios de son numéro 1000 sous le titre : Quand Ankara et Varsovie feront la loi.

Le 21ème siècle sera celui de l’ère américaine… mais pour maintenir leur prédominance, les États-Unis s’emploieront à défaire des coalitions. Déjà, ils ont envahi un monde islamique où certains cherchaient à recréer un grand empire, un califat, et à les frapper.

Contrairement à ce que l’on pense, la Chine ne posera pas grand problème : elle est géographiquement bordée, sa puissance maritime est insuffisante et sera lente à se reconstituer, et elle a systématiquement été en prise à des instabilités internes chaque fois qu’elle a tenté de s’ouvrir.

Nouvelle guerre froide avec la Russie
Viendra alors le temps d’une nouvelle guerre froide avec la Russie qui aura cherché à recréer son ancienne sphère d’influence… mais qui s’effondrera de nouveau en raison de sa faiblesse démographique et celle de ses infrastructures, plus ses problèmes intérieurs.

Quelques puissances intermédiaires et une guerre mondiale
C’est sur cette toile de fond qu’au milieu du siècle on peut s’attendre à voir ré-émerger quelques puissances intermédiaires. Sans doute le Japon – mais ses faiblesses démographiques et sa répugnance envers l’immigration seront des handicaps. Ensuite la Turquie, déjà économiquement et militairement forte, plate-forme de stabilité au sein d’un environnement qui l’est moins, et dont le passé (Empire ottoman) témoigne de sa capacité à dominer le monde islamique. Mais aussi la Pologne dont la puissance fut réelle – de la Baltique à la Mer Noire – jusqu’au 16ème siècle. Voisine d’une Allemagne peu encline à se colleter avec la Russie et au dynamisme économiquement effrité (démographie toujours), la Pologne sera initialement soutenue par les États-Unis face à cette même Russie et fédèrera autour d’elle les pays qui y résisteront.

L’auteur s’attend à ce qu’entre les États-Unis et ces trois puissances renaissantes une nouvelle guerre mondiale se déclenche.
[N’ayant pas lu le livre, je n’ai pas d’idée précise sur l’issue de cet épisode. Mais le commentateur des Izvestia (voir la référence à la fin de ce billet) n’a pas manqué de remarquer que, une fois la Chine mise hors jeu, les trois puissances désignées ont pour particularité d’encadrer la Russie. L’ironie de la situation viendrait de ce que, une fois la Russie supposée s’être à nouveau effondrée, c’est aux puissances qui l’entourent et qui y ont sans doute contribué, que les États-Unis sont conduits à s’attaquer.]

Démographie, énergie, technologie
A la recherche des facteurs les plus déterminants, il prédit que les décennies à venir vont être marquées en profondeur par la fin de l’explosion démographique amorcée il y a plus de deux siècles. La population mondiale aura fini par se stabiliser. Au même moment, les pays industrialisés avancés vont se dépeupler significativement – d’où une grande pénurie de main d’œuvre et une concurrence entre eux en matière d’immigration.
[Voici les estimations que j’ai recueillies : le premier milliard d’habitants a été franchi vers 1800, le 2nd vers 1930 (+130 ans), le 3ème vers 1960 (+30), le 4ème vers 1975 (+15), le 5ème vers 1987 (+12), le 6ème en 2000 (+13) ; on prévoit le 7ème en 2013 (+13), le 8ème vers 2026 (+13) et le 9ème vers 2047 (+21).]

Cela ne suffira pas pour assurer la viabilité du système de production qui devra faire appel à encore plus de technologie. Or celle-ci aura reçu de nouvelles impulsions pour des raisons militaires, à l’occasion des bras-de-fer planétaires évoqués plus haut et des retombées civiles ne manqueront pas. Autre souci, autre recours à la technologie ainsi qu’à des interventions étatiques : prendre le relais des hydrocarbures en matière de ressources énergétiques.

Sans oublier le Mexique
Ce recentrant enfin sur continent nord-américain, George Friedman pronostique que vers la fin du siècle le Mexique entrera en conflit avec son puissant voisin pour récupérer les territoires qu’il avait été obligé de lui céder en 1848 et qui – immigration aidant – seront alors majoritairement peuplés de Mexicains.

[La traduction de Courrier International est accessible contre paiement sur son site. Un texte plus complet, en espagnol, l’est librement sur celui du magazine mexicain Nexos. Certains organismes ou journaux français ont rendu compte de l’ouvrage ou d’articles s’y référant. Par ailleurs, la revue de presse en français de l’Agence d’État RIA-Novosti commente un récent article des Izvestia sur ce sujet. Quelques sites :
http://www.nexos.com.mx/?P=leerarticulo&Article=552
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2009/12/30/04016-20091230ARTFIG00495-le-mexique-future-puissance-selon-george-friedman-.php
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/Ozalids_21.pdf (voir à la page 3)



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mille mercis, je cherchais à lire le texte sur CI justement.

Jane