vendredi 22 janvier 2010

De l’artificiel pour l’homme


A mi-2008, époque à laquelle les articles ci-après ont été publiés dans US News & World Report, celui-ci était un hebdomadaire, le n° 3 par sa diffusion aux États-Unis après Time et Newsweek. Un an plus tard il était devenu un mensuel. Mais Courrier International, qui le présente à relativement juste titre comme reflétant la société de l’Amérique profonde, ne s’en est pas encore aperçu. Les scénarios ici sélectionnés sont signés par Nancy Shute. Cela a dû être une petite récréation pour elle puisque, article après article (elle en a rédigé depuis deux ou trois centaines dans ce même magazine), elle passe son temps à conseiller les parents sur leurs rejetons – santé d’abord ou premiers émois de leur puberté. Les adresses Internet pour accéder au texte en anglais se trouvent à la fin de ce billet.

Le premier des deux articles s’intéresse à des prothèses. Le titre choisi par Courrier International (A la rencontre de l’humanité 3.0) donne un coup d’accélérateur et compacte l’original (Will 'Upgrades' enhance our bodies? Engineers are building strong suits and brainy prosthetics; meet humanity 2.0). On y donne trois exemples :

Un exosquelette. On comprend que c’est quelque chose qui est capable d’imiter les mouvements de l’utilisateur humain avec dix fois plus de force, comme la direction assistée d’une voiture. Mais cet exo est-il piloté à distance ? Le titre de l’article en anglais (strong suits) et une illustration apportent la réponse : il s’agit d’une combinaison, bien musclée, que l’on porte. Avec sa curieuse manie de panacher traductions et dessins de provenances différentes (à scénarios américains, dessins espagnols ; à scénario chinois, dessin russe), Courrier International en arrive à confondre créativité et égarement. Ici, le 3.0, c’est plutôt la Ford model T – pas très 21ème siècle. Revenons à notre exosquelette-combinaison : pour le moment, il consomme une énergie telle qu’il lui faut un cordon ombilical d’alimentation plutôt costaud. L’arme au pied, les militaires qui financent attendent une version plus viable.

… Même source de financement – mais à l’étape suivante, pour les anciens combattants qui ont perdu un bras (ou même les deux). Net progrès sur les prothèses héritées du passé, ce qu’on nous prépare y gagnera en légèreté, restituera la sensation du toucher, se rapprochera de la vitesse et de la flexibilité d’un bras normal et, connecté aux nerfs moteurs des bras, permettra notamment d’aller à la pêche ou de se maquiller.

… Allons maintenant au MIT : on y a testé sur des souris de minuscules interrupteurs (comme ceux pour des diodes électroluminescentes) pour allumer ou éteindre des neurones du cerveau en un millième de seconde (Courrier International est prudent : il traduit par un centième). Applications entrevues : Parkinson, cécité, cerveau plus performant, créativité (voir plus haut).


Le sujet du second article est l’alimentation de demain. Dans la version française c’est : Saignant, votre steak in vitro ? Pour US News & World Report c’était : What will we eat in a hungrier world? Making meat without killing animals could fix a lot of problems.

En amont de la partie carnivore de notre alimentation, il y a l’élevage des animaux que l’on va consommer. Or celui-ci présente pour le moins deux défauts : il est écologiquement du mauvais côté de la barrière... et d’un rendement déplorable (de 4 à 20 protéines végétales ingérées pour une protéine animale produite. Mais ne pourrait-on pas produire de la viande sans animaux ?

Après avoir rappelé que l’on cultivait de la peau humaine en laboratoire pour soigner les brûlés, l’auteur de l’article nous livre une formule joliment ramassée : Créer des organes à des fins de greffe est une forme d’art. En revanche, produire suffisamment de viande pour satisfaire la demande mondiale nécessiterait une efficacité et des économies d’échelle façon Wal-Mart. Pour l’instant on reste dans le domaine du minuscule et seule la NASA semble faire des efforts dans l’optique d’une conquête de la Lune ou de Mars.

Nos Médicis d’aujourd’hui (voir le précédent billet – on cite ici la Fondation Gates) s’intéressent plutôt aux végétaux et encore s’agit-il d’amélioration de cultures existantes… Mais il n’y a que 3% d’Américains végétariens et, même en Inde, ceux d’obédience stricte ne dépassent pas le tiers. Or la viande de laboratoire reste horriblement chère et on se demande même si, au cours de la croissance artificielle, il ne faut pas simuler les mouvements de contraction et d’étirement des fibres musculaires quand l’animal bouge…

Last but not least, le peu qui a été produit s’est avéré d’une consistance et d’un goût tels que les téméraires qui s’y sont risqués n’y sont jamais revenus.


Adresse Internet pour l’article "3.0" :
En anglais :
http://www.usnews.com/science/articles/2008/07/24/will-upgrades-enhance-our-bodies.html
En français avec l’illustration Model T :
http://www.scribd.com/doc/24907741/Courrier-International-n%C2%B01000-du-1er-Janvier-2010 (faire défiler jusqu’à la page 27 au sein de cet écran)

Pour l’article "In vitro" (en anglais) :
http://www.usnews.com/science/articles/2008/07/24/what-will-we-eat-in-a-hungrier-world.html

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