lundi 18 janvier 2010

Rétro-prospective


Till me signale que, coïncidence, Courrier International a sorti son numéro 1000 – pile le 1er janvier. Étrange ? Non, normal : les quatre pionniers qui avaient envie et qui ont à l’époque réussi à faire partager leur intérêt pour ce qui se publie tout autour de la planète, l’ont lancé un an après la chute du mur de Berlin. Plus de 19 ans et 52 semaines par an – le compte est bon. Rachat 4 ans plus tard par le groupe propriétaire de l’Express et du Point (celui des fondateurs qui le dirigeait a été licencié dans l’année qui a suivi). Fin 2001, le titre atterrit dans l’escarcelle du Monde. Concédons un chouïa de professionnalisme en plus… en revanche un supplément d’âme relativement laminé.

On pouvait s’y attendre : le lecteur a le droit à un coup d’œil obligé dans le rétroviseur. Mais, sous prétexte de chiffre rond, le fin fond de l’événementiel c’est de vendre ce même lecteur pour de la pub. Gagné ! 40% de la pagination y est consacrée (contre 25% et 12% respectivement pour les deux numéros ordinaires suivants). Et cette réclame va pour un lecteur fana de tourisme et de destinations lointaines à 35%, de parfums et d’alcools à 25% et d’autos-motos à 12% – belle compagnie.

Dans ce rétroviseur que voit-on ? A priori 50 couvertures chocs et 100 petites phrases – en fait, une surreprésentation du passé proche. Le poids des couvertures ne relève pas du choc : l’évocation mosaïque de ces deux décennies se suffit. Quant aux petites phrases, mieux vaut être indulgent. Plus curieux est que la période des pionniers est sous-représentée et que celle managée par l’actuelle équipe rafle la plus grande partie de la mise : les années 1990-94 comptent chacune pour un quart tandis que chacune de celles de 2002 à maintenant pèsent 8 fois plus pour les petites phrases et 5 fois plus pour les couvertures – la pondération pour les années intermédiaires est entre les deux.

Passons sous silence un supplément – pages centrales (ad usum delphini ?) pour les insiders qui ont dû se repasser le trousseau de clés – tiré à quelques 200 000 exemplaires comme le reste. Mentionnons les 1000 merci (en fait, moins de la moitié) en autant de langues : qui pourra, sans rougir, dire qui dit ici merci à qui ? Je me doutais qu’il y avait environ 1 milliard de locuteurs de 1ère ou 2ème langue à pouvoir respectivement dire merci en mandarin, en anglais et en hindi ou approchant… mais j’y ai appris qu’ils n’étaient guère plus d’une douzaine à pouvoir l’exprimer en itzà (Guatemala), en cahuille (États-Unis), en vod (Russie) ou en livonien (Lettonie).

Restent une dizaine de scénarios pour le futur dont, par leur diversité, quelques uns permettent d’ouvrir la réflexion : si cette initiative est une illustration de la devise l’anticipation au quotidien que semble avoir adoptée le magazine, tant mieux – sans oublier pour autant le quotidien. Je retiendrai ici :

Quand Ankara et Varsovie feront la loi.
Le modèle européen s’impose partout.
L’islam à la conquête du Vieux Continent.
A la rencontre de l’humanité 3.0.
Saignant votre steak in vitro ?
Si la température montait de 4°c…
Les années 2000 dans le rétroviseur.


Qui trop embrasse, mal étreint dit le proverbe. C'est ainsi que chacun de ces scénarios recèle un évident avantage : il explore avec une profondeur certaine un des aspects de nos avenirs potentiels. Focalisation dont je suis reconnaissant aux auteurs. Il nous reste en revanche, en passant de l'un à l'autre, à saisir en quoi les différentes dimensions qui s'y déploient interfèrent entre elles – ce qui nous invite à progresser quelques pas plus avant.
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Si je me propose de donner un aperçu condensé de ces articles dans quelques billets suivants, c’est bien que je les ai appréciés. Mais ce n’est qu’un avant-goût qui, selon les intérêts de une ou de untel, ne remplacera pas une consultation plus directe, voire de remonter aux articles originaux, voire de se plonger dans les ouvrages qui les ont inspirés. Comme à l’habitude je tâcherai d’en fournir les références.
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Site de Courrier International : www.courrierinternational.com

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