lundi 9 mai 2011

Ogród Saski : statues



Plan datant de 1781, conservé aux Archives nationales de Varsovie. En scrutant de plus près on arrive à distinguer des chiffres de couleur rouge, permettant d’identifier : (1) le Palais de Saxe, à l’endroit où se trouve actuellement la tombe du Soldat inconnu ; (2) le Palais Brühl, légèrement au dessus – il a été détruit par les Allemands, fin 1944 ; (3) l’amorce de l’axe principal du Jardin de Saxe, là où sont maintenant les statues et la fontaine ; (4) à l’autre bout de l’axe, le Grand Salon, qui a disparu en 1817 – c’est approximativement à ce niveau que s’arrête aujourd’hui le Jardin : pendant le 2nde Guerre mondiale, les Allemands ont, en effet prolongé l’axe nord-sud de l’avenue Marszałkowska, à travers le Jardin ; (5) plus vers le bas, donnant sur la rue Royale (Królewska), un Opéra de 500 places ; (6) à l’opposé, vers le haut, le Palais Bleu (en raison de la couleur de son toit) qui donne sur l’amorce de Senatorska (la rue Sénatoriale) : il fut entièrement rénové en moins de deux mois en 1726, le roi de Saxe ayant voulu en faire cadeau à sa fille pour Noël, puis réaménagé au 19ème siècle – il a été reconstruit après la 2nde Guerre mondiale : (7) en suivant Senatorska, l’église saint Antoine de Padoue, qui servait de paroisse à la famille royale ; (8) en revenant à l’extrémité de l’axe du Jardin, la Porte de Fer, emplacement qui est désormais bien au-delà de la voie de circulation constituée par Marszałkowska prolongée.

Le tout récent billet, Varsovie sans peine, a permis au lecteur de situer où se trouve le Jardin de Saxe (Ogród Saski). En s’éloignant de la Vistule, depuis sa rive gauche, on chemine par la pensée entre le Palais Présidentiel et l’Université, on traverse Krakowskie Przedmieście et on arrive bientôt sur la place Piłsudski où se déroulent la plupart des cérémonies officielles et militaires. La place une fois traversée, on se trouve face à la tombe du Soldat inconnu. C’est au-delà que commence le Jardin de Saxe.

Disposition actuelle des statues. La pointe de chaque triangle indique la direction de leur regard. Récemment ravalées, elles ont été photographiées juste avant l’éclosion du printemps.


Le Palais de Saxe
En fait, la tombe du Soldat inconnu s’abrite sous un reste de la colonnade qui subsiste de l’ancien Palais de Saxe. Celui-ci a été démoli en 1944, après l’Insurrection de Varsovie, et marquait la séparation entre la place et le Jardin de Saxe. La dénomination du Palais et du Jardin vient de ce que la Pologne a vécu sous le régime d’une monarchie élective, et que la noblesse polonaise a choisi de mettre à sa tête le roi de Saxe pour une période qui correspond au passage du 17ème au 18ème siècle. Il s’agissait donc, à Varsovie, du Palais et du Jardin de ce roi.

Statues situées à l’Est, directement autour de la fontaine.


Le Jardin de Saxe
Le Jardin de Saxe est l’un des plus anciens jardins royaux à avoir été ouvert au public – en 1727, donc bien avant que ce ne soit le cas pour celui de Versailles (pendant la Révolution française, en 1791). Initialement conçu selon un dessin baroque à la française, il a emprunté le style des jardins anglais au cours du 19ème siècle romantique. Ce Jardin se prolongeait bien au-delà mais depuis la prologation de la voie de circulation Marszałkowska pendant la 2nde Guerre mondiale, il bute maintenant contre celle-ci.

Statues situées les plus à l’extérieur, donnant sur des allées vers le Nord et vers le Sud.


Les statues
Je m’en tiens pour le moment à donner un aperçu de la vingtaine de statues qui balisent cet axe, juste après la tombe du Soldat inconnu. Il y en avait initialement beaucoup plus (70) datant d’avant 1745 et qui étaient l’œuvre de sculpteurs dont on n’a pas gardé le nom. Lorsque Varsovie est tombée sous la coupe tsariste, en 1794, près de la moitié d’entre elles sont parties pour agrémenter le Jardin d’été de Saint-Pétersbourg. D’autres n’ont pas résisté à l’épreuve du temps.

Statues situées à l’Ouest, en s’éloignant de la fontaine.

Parmi les emplacements actuels, l’un n’a pas de statue et, pour cinq d’entre elles, ce qu’elles représentent n’est pas gravé sur leur socle. En confrontant avec une liste que j’ai trouvée par ailleurs, je laisserais bien au lecteur perspicace le soin d’attribuer un nom à chacune d’entre elles : Arithmétique, Bacchus, Intelligence, Justice, Architecture militaire, Rationalité… mais je doute de la liste mentionnée car je n’y retrouve ni Jupiter, ni l’Histoire, ni l’Automne, dont les noms sont pourtant bien gravés sur les socles actuels.

Fontaine et cadran solaire


A noter enfin que ces statues encadrent une fontaine, due à Henryk Marconi, qui a été mise en place en 1855 et, quelques années plus tard, un cadran solaire conçu par un physicien et météorologue, Antoni Szeliga Magier.



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