samedi 11 octobre 2008

Langue orale, langue écrite

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Passer d'une langue à l'autre
Je ne suis pas particulièrement doué pour les langues. Au contraire. Mais, par nécessité professionnelle, j'ai eu à pratiquer l'anglais de façon relativement suivie des années durant. Je me débrouille pour le lire et l'écrire. J'ai cependant dû à la gentillesse de mes interlocuteurs ou de mes auditeurs que des conversations avec eux, voire quelques présentations en public, ne se soient pas soldées par des désastres. Et quand je regarde un film non sous-titré, il m'arrive de décrocher rapidement.
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Les hasards de la vie m'ont suffisamment fait me frotter avec l'allemand et l'espagnol pour que je sache retenir une chambre d'hôtel par téléphone… et avec le polonais et l'italien, où je ne suis pas totalement déboussolé devant un menu.
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Mais – sans qu'une quelconque surdité soit en cause – il est également vrai qu'il me faut parfois écouter plus d'une fois certaines chansons dans ma langue maternelle, le français, pour comprendre ce qu'elles veulent dire.
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La langue orale
J'avoue avoir été séduit en lisant ce qu'a découvert au siècle dernier un ORL, Alfred Tomatis. Selon lui, l'enfant tout jeune est capable de percevoir un grand éventail de sons : imaginons toute l'étendue du clavier d'un piano. Mais, rapidement, son oreille se forme à partir de ce qu'il entend. Or, d'une langue à l'autre, ce ne sont pas les mêmes sons ni les mêmes rythmes qui sont mis en valeur.
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Ainsi, les Français (et plus ou moins les Espagnols, eux aussi) se limitent à une octave au milieu du clavier, plus une autre dans les graves, à main gauche. De la part des Anglais, c'est comme s'ils se réservaient des partitions pour main droite seule – dans les aigus. A l'inverse pour les Allemands : prédominance dans les graves. Quant aux Slaves, leur luxe est de jouer sur la totalité du clavier.
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Babillage, imitation… la façon dont on apprend à parler se calque sur ce que l'on entend. Avec des profils sonores aussi différents d'une langue à l'autre, on se doute qu'il devait être difficile de se comprendre au moment de construire la tour de Babel.
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Dans un monde devenu plus ouvert, chaque fenêtre sur une autre langue permet d'aller explorer quelques pas plus loin, par rapport à ce que l'on nous offre lors d’excursions touristiques packagées.
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La langue écrite
La langue écrite permet de contourner quelques unes des barrières qui viennent d'être évoquées et qui sont propres à la langue orale - ce qui nous aide à faire encore un bout du chemin supplémentaire. Au détour d'une revue qui sélectionne des articles parus dans la presse allemande, je tombe ces jours-ci sur les réflexions d'un écrivain syrien, installé Outre-Rhin et publiant en allemand. Cette langue, dit-il, je ne cherche pas à la maîtriser mais à l'aimer comme une femme que l'on courtiserait afin de gagner son cœur.
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Son écriture est celle d'un conteur nourri de la tradition arabe – le récit c'est la vie ; et le silence, la mort. Comme Schéhérazade qui avait réussi à captiver un Sultan tout puissant, pour en faire un enfant avide du prochain épisode... il privilégie la beauté des mots sur le portrait psychologique.
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Il apprécie pourtant la littérature à l'occidentale : il en cite des auteurs qu'il admire parce qu'ils ont su emmener leur lecteur dans un univers parallèle et y faire l'expérience de vies auxquelles, sinon, il n'aurait pas eu accès.
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