lundi 20 octobre 2008

Scène de rue à Paris


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Une rue que je découvre
Dernier dimanche avant celui du retour à l'heure d'hiver. Plus frisquet, tôt le matin, que les jours précédents, malgré un ciel limpide. Mais quelques heures ont passé et les rues se sont animées.
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En voici une que je connaissais mal. Droite, assez longue, résidentielle, aux pavillons et immeubles éparpillés sur des pelouses, séparés par de petits grillages ou des murets bas. Nous sommes en plein Paris mais il n'est pas nécessaire de lever haut la tête ou de traîner des pieds dans les feuilles mortes pour goûter des couleurs de l'automne qui tapissent herbes et allées.
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Je surprends un dialogue
Les marchés et leur habituelle cohue ne sont sans doute pas loin mais on n'en n'a pas écho - et cette rue semble presque déserte. De dos, à quelques mètres devant, un homme petit, dans la soixantaine, parka, écharpe discrète, avance tranquillement mais d'un pas guilleret. Par dessus son épaule, guère plus haut que l'oreille, on distingue le bout pointu de deux baguettes, comme des fusils voire des baïonnettes. Alors que je le dépasse, je l'entends chantonner un air relativement familier aux accents presqu'italiens. Bribes de mots: ... elle leur dira... quand ils partiront...
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De face un peu plus loin, arrêté, une main occupée par une laisse sur laquelle tire avec détermination un mini Yorkshire dont on a dû lui confier la promenade hygiénique et qui semble obnubilé par les grands espaces si proches, l'autre main tapotant du doigt une cigarette à peine entamée, un individu, un peu plus jeune et plus grassouillet, tousse misérablement. Le marcheur l'interpelle. Ils se connaissent, se tutoient. Dans ce que l'autre lui répond, j'ai l'impression de retrouver les paroles de la chanson : ... elle m'a pourtant dit... c'est vrai que je suis en train de partir...
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Manifestations annoncées
Partir de la caisse ? Je ne le saurai pas : dans une rue parallèle, derrière pavillons et immeubles, une sorte de musique martiale ou de cirque couvre ce qu'il voulait dire. Silhouette fugitive d'une camionnette bleu foncé, surmontée de deux haut-parleurs, qui délivre aussi un message pressant de venir je ne sais trop où, je ne sais trop quand. Elle sillonne sans relâche le quartier - je la retrouverai plusieurs fois avec ses grosses lettres blanches : NOUVEAU SPECTACLE et une remorque bâchée de rouge sautillant à l'arrière. L'explication se trouve de façon assez évidente sur des affiches, collées sur du carton et attachées à des réverbères : Guignol... A ne pas confondre avec une autre affichette apposée de fraîche date sur des supports de parcmètre : Apéro revendicatif.
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Espace-temps
Replongée dans des rues plus passantes. Il est bientôt midi. Au pied des marches d'un restaurant qui cherche à tenir son rang, causerie de personnes comme endimanchées : ... Ils ont une quinzaine d'années de plus que nous mais ils ne les font pas... Moi qui suis de 71...
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Le temps d'éviter un Vélib qui s'engouffre dans cette rue piétonne, je fais mes comptes : ... 2008... 71... 15 ans de plus. Il est grand temps que je rentre car nous attendons des connaissances (qui ont quinze ans de moins que nous) et c'est à moi de préparer l'apéro.
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