mardi 21 octobre 2008

Pub low-cost

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Low-pub
L'avez-vous remarqué ? La publicité qui agrémente les escaliers et les couloirs d'accès aux bouches du métro parisien est un cocktail de banalité terre-à-terre mais aussi de tentatives créatrices qui méritent un temps d'arrêt. Les grandes affiches sur les quais, c'est du soigneusement pensé par de grandes agences ; ça coûte cher, précisément pour cette raison, à cause de leur taille et aussi de leur nombre, puisqu'on les retrouve à presque toutes les stations. Mais avec les affiches de petit format, de moindre diffusion ou pour un évènement momentané... on est dans un autre monde.
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C'est ainsi que, pas plus tard qu'hier - et par quel diable poussée ? mon attention s'est figée sur un panneau modeste, vert tendre comme de l'herbe printanière. Trois adjectifs et la magie du verbe : brisé... martyrisé... libéré...
Plus exactement : prix brisé... prix martyrisé... mais prix libéré...
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Détournement
Magie mais détournement du verbe hors d'un tout autre contexte, puisqu'il suffit de reprendre le discours du général de Gaulle à l'Hôtel de ville, au moment même de la libération de Paris, le 25 août 1944 : [...] Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même [...]
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Le 25 août, jour anniversaire de cette Libération et de ces paroles historiques, c'est dans moins d'une semaine. Et pourtant, s'agissant ici d'une compagnie aérienne low-cost, dont il est signalé qu'elle évolue sous l'aile de la compagnie nationale d'envergure mondiale, je doute qu'un tel message s'adresse à ceux qui vont se recueillir, se souvenir... Reste la magie du verbe... Survient son détournement.
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Un virtuel les pieds sur terre
Redescendons de nos nuages et allons sur leur site Internet : la pub, basta ! le brisé... le martyrisé... le libéré... à la trappe ! On est dans le virtuel concret, on vend des billets. Attention : il n'y a qu'une lettre de différence (un a) entre le nom de ladite compagnie à bas prix et celui d'une autre entreprise, dans un secteur tout proche. Quelques journalistes ont fait la confusion et à la moindre erreur de frappe au clavier, on peut se tromper.
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Comparaison n'est pas raison
Au lieu de réserver sa place depuis Orly vers une destination plus ou moins méditerranéenne auprès de notre gaullienne compagnie, nous sommes invités... en espagnol uniquement, à voir ce que proposent ses concurrentes à de meilleur prix. Pas de chance pour notre transporteur : il n'y apparaît pas comme étant parmi les plus économiques... Pour les lecteurs familiers de la langue de Cervantès, c'est la compagnie aérienne nationale d'envergure mondiale de la péninsule qui rafle la mise. En élargissant notre recherche auprès d'autres sites de comparaison de prix, notre low-cost bien hexagonal remonte vers la tête du peloton. Il suffit simplement de bien choisir les jours de départ et d'arrivée.
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Un éventail pour Séville
Le véritable émerveillement vient de l'éventail des prix. Au mieux, si on en croit notre comparateur, un Paris-Séville et retour se situe autour de 170 euros. Le vol est direct et dure un peu plus de 2 heures. Mais prenons un billet similaire (aux mêmes dates, mais en classe économique), vendu par l'une ou l'autre de ces compagnies nationales d'envergure mondiale, celle de la péninsule comme celle de l'hexagone : il se situe au-delà de 1900 euros... au point qu'une de ces chères institutions financières habituellement liées à la VPC, s'empresse de vous proposer un crédit-revolving. Il y a de plus une escale, ce qui multiplie par 3 la durée du trajet.
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Enfin, calmez vos ardeurs au moment de choisir votre vol. On vous commence par vous donner l'illusion que l'aller-retour est à 60 euros. Mais, avec les taxes, surcharges, frais administratifs et assurances (hors coût pour rejoindre l'aéroport) vous retrouvez les 170 indiqués ci-dessus.
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