samedi 7 décembre 2013

Le prêtre, le psychanalyste puis Facebook


CONDENSÉ
La presse en ligne est abondante.
Ce qu’on y trouve est inégal.
Je n’y ai sélectionné que quelques titres et repéré quelques articles.
Ce qui suit est le condensé de l’un d’entre eux.

(HUFFINGTON POST –20 février 2013 – Serge Tisseron)

Dans les années 1970, certains prélats avançaient que la télévision était la principale responsable de la désaffection des églises. Les réseaux sociaux ne pourraient-ils pas devenir aujourd'hui les principaux responsables de la désaffection qui frappe les cabinets de psys ?

Des études ont ainsi montré qu'en épluchant le profil d'un usager de Facebook, on arriverait à faire le point sur sa santé mentale, et même à déduire certains symptômes de sa pathologie de manière aussi efficace qu'une série d'entretiens prolongés avec lui.

Attention ! Ceux qui seraient tentés de s'engager dans l'étude du profil de leur ami(e), de leur patron, de leur voisin, à la recherche de leur moi caché prennent toutefois un risque évident : lire les profils des autres à la lumière de leur propre névrose – leur lecture ne leur apprendra pas grand-chose, excepté sur eux-mêmes !

Admettons que le psy n'ait bien souvent fait que prendre le rôle que jouait avant lui le prêtre et que la question soit : pourquoi Facebook ne prendrait-il pas maintenant la place que joue le psy ?

Mais grattons un peu :

- Qui va voir un prêtre le fait pour se mettre en paix avec Dieu, et cela l'oblige à raconter ses péchés pour se les faire pardonner.

- Qui va voir un psy cherche au contraire à se réconcilier avec ses désirs. Il s'agit moins pour lui de confier ses péchés que de tenter de se libérer de ce qui pourrait justement l'empêcher d'en commettre.

- Avec Facebook, il ne s'agit plus de se mettre en paix avec Dieu, ni avec soi, mais avec une communauté virtuelle idéalisée.

Mais qu’apporte une communauté virtuelle idéalisée et en quoi Internet en permet la manifestation ?

- Avant Internet, s’intégrer à un groupe où l’on rencontre des personnes réelles (ex. : un club) et confier aux autres membres des aspects les plus personnels de soi (ex. : y évoquer son homosexualité) pouvaient entrer en conflit.

- Avec Internet, s’intégrer et se confier se sont mis au service l'un de l'autre : confier des éléments les plus personnels de soi permet de rencontrer ceux avec lesquels nous sommes susceptibles de former la communauté la plus forte et la plus authentique.

Les interlocuteurs n’y seront sans doute pas aussi attentionnés que pourrait l'être un psy, mais c’est dans cette communauté que l’on se sentira valorisé, et que l’on pourra échanger. Or à une époque où, en majorité, les demandes de consultation (de psy) sont motivées par un manque d'estime de soi, ou en raison de traumatismes difficiles à surmonter, que vaut-il mieux : une écoute attentionnée ou une communauté d’échange qui vous valorise ?


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