jeudi 14 septembre 2017

Filles & garçons, à l'école et dans le supérieur

Le constat se confirme année après année : l’observation des parcours scolaires met en évidence que les garçons redoublent davantage que les filles et que le décrochage scolaire est à 60% le fait des garçons. La polémique sur ce sujet des temps modernes reste entière.
  • S’agit-il d’une meilleure intériorisation des attentes du système scolaire par les filles ?
  • La féminisation du corps des enseignants et l’absence d’image positive de la masculinité au sein de l’école en sont-elles la cause ?
  • Doit-on dénoncer les modèles éducatifs différenciés, ou désigner les normes sociales de la fabrication des garçons (l’aventure, la compétition et le développement de la force physique) qui les éloignent des premières de la classe ?
  • Doit-on accuser la tendance à la séparation des sexes dans les activités périscolaires ?
Taux de réussite
Filles
Garçons
Être scolarisé en filière générale à 17 ans
48%
36%
Suivre une formation professionnelle
30%
40%
Obtenir le bac
(bac général)
83%
(46%)
72%
(34%)
Finir avec un diplôme supérieur
50%
40%
Répartition entre diplômés (total 100%)
Licence
58%
42%
Master
60%
40%
Médecin
66%
33%
Docteur en droit
51%
49%
École de commerce
50%
50%
Pour les garçons :
  • Primo ils forment le gros des effectifs de jeunes sans qualification ou peu qualifiés (pour un CAP on note 55% de garçons et 45% de filles). Pourtant dans les faibles niveaux de qualification de type CAP, BEP, ou 1e année d’apprentissage, les garçons s’insèrent aussi bien que les filles, parfois mieux ; notamment dans les emplois de production.
  • Secundo, le taux de chômage des garçons tend à augmenter plus vite que celui des femmes : entre 2008 et 2016, il a augmenté de 52% pour les hommes et de 40% pour les femmes. En 2016 et 2017, le chômage des 18-24 ans a été plus élevé chez les garçons que chez les filles.
Ces dernières ont davantage tiré profit des créations d’emplois dans le secteur des services, de la distribution et des emplois domestiques, ainsi que dans celui de l’enseignement et de la santé. Elles subissent la crise, mais moins durement que les hommes qui sont davantage présents dans l’industrie.
Mais tout cela n’est qu’une partie du tableau.
Les hommes bénéficient de deux points forts : leur suprématie scientifique et technique et leur présence dans les écoles d’élite.

Dans le design du futur les hommes sont aux manettes :

Dans les domaines scientifiques, les femmes constituent :
  • 47% des bachelières de la filière S
  • près de 30% des élèves des écoles d’ingénieur
  • 40% des docteurs en sciences).
Les hommes dominent totalement les secteurs d’avenir du logiciel et des nouvelles technologies :
  • 13% de femmes dans les sections informatiques des écoles d’ingénieur.
  • Dans les nouvelles écoles d’ingénieur-développement, 4,6% de filles pour l’Epitech et 9,7% pour l’Epita.
  • Dans la fameuse École 42 on trouve moins de 10% d’étudiantes.
L’innovation informatique demeure ainsi une chasse gardée masculine et les femmes, plutôt que de s’y engager peu à peu comme elles le font pour d’autres secteurs, tendent à la déserter, ou à s’en tenir à distance.
Certes, les femmes pénètrent progressivement l’univers économique du Web – par exemple, en France, le métier de Community Manager (c’est un métier qui consiste à animer et à fédérer des communautés sur Internet pour le compte d'une société, d'une marque, d'une célébrité ou d'une institution) est occupé à près de 60% par des femmes.
Autre aspect crucial, les garçons sont davantage présents dans les écoles d’élite et dans les grands corps de l’Etat.
Les filles ne constituent que 42% des effectifs des écoles préparatoires aux grandes écoles.
L’ENA, qui affichait beaucoup d’ambition en matière de parité par la voix de sa dernière directrice a atteint un score de 45% de filles recrutées au concours de 2014, pour retomber à près d’un tiers au concours en 2016-2017.
Enfin, les femmes représentent, en moyenne, un peu moins du tiers des élèves ingénieurs, et à peine 20% de Polytechnique ou des Mines.
Elles sont ainsi moins présentes dans les établissements qui constituent, en France, l’antichambre du pouvoir.
L'AUTEUR : Monique Dagnaud - Directrice de recherches à l'EHESS, PSL Research University

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