vendredi 25 février 2011

Bouillonnements économiques


Dans quelle mesure l’économie – science qui souffrirait aux yeux du public d’une image assez rébarbative - nous intéresse-t-elle ? Voici une question sous-jacente par laquelle Thierry Savatier, auteur du blog Les mauvaises fréquentations introduit son billet du 22 février sur : Le Manifeste d’économistes atterrés, récent succès de librairie, qu’il compare à celui de Stéphane Hessel avec Indignez-vous (en fait, si on en croit le palmarès des ventes de l’EXPRESS pour les essais et documents, l’ouvrage de Hessel trônait déjà en tête et y est resté jusqu’alors, lorsque le Manifeste a fait son entrée dans la liste, début novembre. pour grimper jusqu’à la 3ème place, début janvier, avant d’amorcer une descente, depuis).

Le billet souligne ce que ce succès doit à une langue claire, compréhensible pour les profanes, et nous rappelle qu’on y estime que la crise n’a en rien modifié les orientations économiques des principaux acteurs mondiaux – en premier lieu les Etats et les banques – qu’on y l’énonce les fausses évidences du système néolibéral qui est à l’origine de cette crise, et qu’on y trouve une vingtaine de propositions.

Plaidoyer pour la dette publique ?
Notamment, que l’effritement des recettes publiques du fait de la faiblesse de la croissance économique […] et la contre-révolution fiscale menée par la plupart des gouvernements depuis 25 ans sont essentiellement à l’origine de la dette publique. Conclusion : Une réduction simultanée et massive des dépenses publiques de l’ensemble des pays de l’Union ne peut avoir pour effet qu’une récession aggravée et donc un nouvel alourdissement de la dette publique.

Cette question de la dette publique devient d’autant plus intéressante qu’elle se trouve dans le peloton de tête des évènements de 2010 dont les Français considèrent que les médias les ont escamotés. C’est du moins ce que laisse penser la publication, le 7 février sur le site La-Croix.com, des résultats d’un baromètre TNS / Sofres qui suit leur opinion vis-à-vis des médias depuis près de 25 ans.

On y apprend déjà que l’intérêt porté à ces médias n’a guère évolué sur la période. Si on fait par exemple la moyenne sur 3 ans autour de 1990, de 2000 puis de 2010, le nombre de ceux qui s’y intéressent y a respectivement dépassé de 46%, de 41% et de 44% celui de ceux qui ne s’y intéressent plutôt pas.

En termes de confiance (différence entre ceux qui estiment que ce que racontent les médias reflète bien ce qui se passe vraiment, et ceux qui pensent le contraire), c’est d’abord la radio (dans les 56-58%), alors que La presse et la TV ont échangé leurs places, en défaveur de cette dernière : de 54% autour de 1990 à 47 % maintenant – et l’inverse pour la presse.

Venons-en au déficit et à la dette publique en France. C’est l’un de 26 thèmes identifiés comme ayant marqué l’année 2010. La différence entre ceux qui estiment que ce thème a été escamoté par les médias et ceux qui pensent, qu’au contraire, ils en ont trop parlé est de 30% – au milieu d’un tiercé entre le sommet de Cancun sur le climat (37%) et de l’attribution du Nobel au Chinois Liu Xiaobe (26%). Le tiercé à l’autre bout de l’échelle (on en a trop parlé) porte sur les affaires Bettencourt (77%) et Woerth (43%), encadrant la défaite des Bleus lors de la coupe de football (64%).

Shopping quand tu nous tiens
Abandonnons les concepts et les chiffres (pour les nostalgiques : nous allons y revenir par la suite) pour nous rapprocher de la vie de tous les jours

Svetlana Koltchik – diplômée de journalisme de l’Université de Moscou et de celle, Columbia de New-York – travaille pour l’édition russe de Marie-Claire (мари клер). Elle dispose d’une tribune libre (Les Femmes ont la parole) sur le site de l’agence russe d’information internationale, RIA-Novosti. Son article du 18 février dernier était consacré au shopping.

Elle prend le temps de nous rassurer : elle n’est pas une accro – ce qui ne l’empêche pas de le considérer comme un boulot à mi-temps, surtout quand elle voyage, où le shopping vient souvent avant la culture, la gastronomie, et même les obligations de travail, où elle se sent comme un chien à la chasse à l’ours – instincts primitifs et sens en alerte…

Elle nous fait alors une double confession. Elle a d’abord décidé de faire un jeûne de shopping pendant un mois, d’arrêter temporairement d’acheter des choses dont l’acquisition peut attendre – vêtements, maquillage, cadeaux pour la famille et les amis et autres gâteries – et de chercher à comprendre pourquoi souvent elle gaspillait l’argent de manière plutôt compulsive.

Et elle a échoué. Son jeûne a duré à peine 10 jours : une de ses collègues, fashionasta pointue pour qui le shopping est une forme d’art, se débarrassait de sa vaste collection de sacs de créateurs. Elle est tombée amoureuse d’un sac Lanvin bordeaux… un accessoire complètement inutile – mais elle n’a juste pas su résister.

On attend un nouveau Jean de La Fontaine pour versifier, comme il savait si bien le faire, la morale que Svetlana Koltchik nous fournit de cette histoire : Alors que les hommes sont programmés pour voir, venir et conquérir, les femmes sont programmées pour voir, venir et recevoir. Pourquoi supprimer les lois de la nature ?

Un dossier tout récent du magazine Sciences Humaines sur la consommation (n°22) semble aller dans ce sens. Il faut néanmoins relativiser : il y aurait 1 à 2% « d’accros » pathologiques, mais la proportion des femmes y serait de 80-90% (vêtements, chaussures, maquillage, bijoux…), les hommes étant plus portés vers les disques, les livres, les antiquités, ainsi que vers des gadgets électroniques ou pour autos

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