mardi 7 avril 2009

Autisme : un exemple de progression



Émile a six ans mais il n’a pas commencé l’année scolaire avec les autres enfants. Cela aurait même sans doute été à contre courant de ce qu’il fallait faire : il manifeste plusieurs symptômes d’autisme et la «socialisation scolaire» aurait pu renforcer un repli sur lui-même.

Rappels
Dans de précédents billets – à la fin des mois de septembre, d’octobre, de novembre et de décembre – j’ai donné un aperçu du choix qui a été fait : lui donner l’occasion de faire sa découverte du monde, ce chemin qu’il n’a pas parcouru de la même façon que la plupart des enfants depuis leur naissance.

Dans une petite salle aménagée chez lui, pas loin de trente volontaires se relaient l’un après l’autre tout au long de la semaine, réagissent à ses initiatives de découvertes et l’y encouragent. Un point est fait ensemble, lors de réunions mensuelles. Je vous avais dit quelques mots de celle de novembre… puis donné les heureux échos que les parents nous ont fait parvenir au tournant de l’année. L’épidémie qui a alors défrayé la chronique ne m’a pas permis d’être présent le jour pile de la réunion de janvier. La plus récente date de mi-mars.

Les progrès sont manifestes et – il faut le prendre de façon qualitative et non comptable – on peut les mesurer. Car ces quelques 40 heures et plus, vécues semaine après semaine par Émile avec les volontaires, ne peuvent pas se résumer en quelques phrases – moins encore en quelques chiffres. A quoi est-on attentif ? A ce qu’un tout jeune enfant découvre et acquiert au cours des ses premiers mois et premières années, et dont il pourra se servir dans la vie.

Des critères clairs et significatifs
Comment communique-t-il ? Par le regard (regarde-t-il droit dans les yeux ? reconnaît-il un visage ? s’intéresse-t-il à d’autres enfants, à son environnement ?), par les gestes (pointer du doigt vers un objet ?), par les mots (2 ou 3 mots… dire : pourquoi ?), par la façon dont il exprime ses sentiments (crier… faire preuve d’humour). Quelle image a-t-il de lui et de l’autre ? (directement… dans un miroir… se reconnaître sur une photo) Comment est-il en relation avec les autres ? Sait-il s’adapter ? Imite-t-il ? Fait-il preuve d’imagination ? Bouge-t-il (son corps) ou manie-t-il (mains, doigts) ? Est-il autonome ? A-t-il les aptitudes (en groupe) et les connaissances qui lui permettraient d’aller à l’école ?

... pour faire le point
Que de questions… que d’évaluations, en comparant l’expérience de chacun des volontaires. On y arrive peu a peu, ce qui permet de savoir à peu près où on en est sur tel point ou tel point.

C’est ainsi que, sur la base de faits bien précis, nous nous rendons compte jusqu'où Émile a progressé au cours de ces derniers mois. Il reste certainement du chemin à faire. Dans certains domaines le changement est net (la communication par exemple). Pour les étapes actuelles comme pour les précédentes, les volontaires s’appuient sur le désir de découverte d’Émile, sans le forcer, et l’accompagnent en jouant avec lui, en lui donnant du temps et de l’affection.
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Ce billet fait partie d’une série qui permet de suivre l’évolution d’Émile (ce n’est pas son vrai prénom) depuis septembre 2008 : on y accède directement en cliquant sur le thème Autisme dans la marge de droite.
D’autres articles sont voisins, notamment ceux sous le thème du Cerveau, ainsi que ceux des 15 et 16 juin 2009 (Chiffres, langues… et Savants vs neurotypiques, qui figurent aussi sous le thème de l’Autisme), ou du 27 juin 2009 (Mémoire photographique)

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