mardi 10 novembre 2009

Mamies

En faisant un peu d’ordre dans mes fonds de tiroir, je redécouvre un article de journal et une photo. L’article a paru dans le New York Times, cela fait bien 7 ans, et rend compte d’un colloque international pluridisciplinaire consacré au rôle des grand-mères. La photo est d’une toute autre provenance – on y voit rassemblées quatre générations : une fillette de quelques mois, sa mère, sa grand-mère maternelle… et la mère de celle-ci.

Lignées de femmes et filiation par le nom
Restons un moment sur la photo. Si on les désigne par leur nom de jeune fille, ces 4 personnages portent 4 noms différents. Et pourtant, leur filiation biologique est bien mieux assurée qui si on nous avait montré la photo d’un garçon nouveau-né, de son père, de son grand-père paternel et du père de ce dernier – tous portant le même patronyme.

Si les rumeurs statistiques sont fondées, dans nos contrées 20% des enfants n’ont pas pour père biologique celui dont ils portent le nom : un simple calcul aboutit à supposer qu’il n’y a guère plus d’une chance sur 2 que l’ancêtre représenté sur la photo soit biologiquement l’arrière-grand-père du bambin. Si on remontait à l’époque de la Révolution ou du 1er Empire, on descendrait à une chance sur 5… à celle d’Henri IV et de la poule au pot à 4%... à moins d’une chance sur 10 000 du temps de Charlemagne… et à 1/10e de million au début de notre ère.

A une époque où la généalogie hante de plus en plus d’esprits et s’appuie sur des documents et des logiciels qui privilégient fortement le nom de famille, on peut rester rêveur.

Avoir une grand-mère chez soi
Quittons ce terrain pour parcourir quelques conclusions à l’issue du colloque évoqué au début. Ce qui ressort le plus nettement, c’est la convergence des conclusions, malgré la diversité des sociétés et des époques analysées. A titre d’exemples :

Dans plusieurs sociétés traditionnelles de subsistance, la présence d’une grand-mère contribue à diminuer la mortalité infantile : en parcourant les données démographiques, on en arrive souvent à la conclusion que si la grand-mère meurt, on le remarque car la survie des petits-enfants se met à chuter… mais si c’est le père qui meurt, ça ne change pas grand-chose.

Grâce à des documents retraçant de façon assez complète ce qui s’est passé pendant deux siècles dans un village du Japon, on en arrive à la conclusion que la présence dans la maison du couple parental de la grand-mère maternelle avait un effet inverse de celle de la grand-mère paternelle sur la survie des garçons : mortalité moitié moindre dans le premier cas, et moitié plus forte dans le second – pas d’effet notable en revanche pour les filles.

En Allemagne, une enquête récente parmi des personnes qui avaient gardé leurs 4 grands-parents jusqu’à l’âge de 7 ans au moins a montré que la grand-mère maternelle était l’aïeule préférée (dans la moitié des cas), que chaque grand-père avait cette faveur dans les 18% chacun et la grand-mère paternelle autour de 13%.

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