mercredi 15 avril 2015

Sur Winterreise de Franz Schubert


Vingt-quatre lieder. Soliloques d’un homme jeune qui abandonne l’amour de sa vie. Et un départ car il se sent dès lors un étranger dans ce qui fut le décor de sa passion. Schubert avait composé ce voyage d’hiver à la toute fin de sa courte vie, à 31 ans en 1828.

Il s’agit d’un livre en anglais – non encore traduit. Signé par le grand ténor Ian Bostridge, fruit d’une intime fréquentation, d’une rumination de vingt ans de cette œuvre par son interprète.

Pierre Assouline qui le commente dans sa République des Livres et auquel j'emprunte l'essentiel de cet article, écrit en avoir fait une lecture plus que mélancolique, parfois joyeusement déprimante, et plus encore sur un fond de paysage enneigé, mais non sans humour, avec un je-ne-sais-quoi de sardonique. Il pense à un mot de Cioran assurant que la musique est ce qui nous aide à être un peu mieux malheureux. Pourtant, ajoute-t-il, ces lieder de Schubert sont certes pleins de désespoir mais plus encore de passion, de sensualité et d’humour.

Ian Bostridge y a ainsi consacré des centaines de pages. Mais il faut aussitôt ajouter qu’il est un musicien atypique en ce qu’il n’a pas été formé dans les écoles de musiques et les conservatoires, mais plutôt du côté des historiens : il est diplômé d’histoire et de philosophie des sciences après avoir étudié à Oxford puis Cambridge et il a un temps enseigné la théorie politique et l’histoire de l’Angleterre au XVIIIe siècle. Il n’est devenu chanteur professionnel que depuis l’âge de 30 ans. On s'étonne alors moins qu'il fasse autant appel à la musicologie qu’à l’histoire culturelle et à la psychanalyse… mais, nuance, sans excès.

Schubert’s Winter Journey (£20, Faber and Faber/ 502 pages, $29, Knopf)

Source :

Parmi de bonnes interprétations disponibles (via YouTube – la partie visuelle se limitant à la pochette et à quelques photos des interprètes) :


Suite à une remarque provenant d’un commentateur du blog de Pierre Assouline :
Pour les non-germanistes, l’écoute des lieder de Schubert, ceux de la Winterreise par exemple, est un parcours du combattant. Pour qui connaît mal ou très mal la langue en effet, les deux tiers ou les trois quarts de la beauté de l’œuvre sont perdus, si l’on ne dispose pas d’une traduction de qualité en regard des textes originaux. Encore, estime cet intervenant devrait-on se livrer, avant toute écoute, à une étude du texte mot à mot. Une compréhension suffisante de la prosodie de l’allemand est également requise.

Parmi ce que l’on peut trouver à ce sujet, j'ai identifié le texte original ainsi qu'une traduction en français par Pierre Mathé (copyright).
Texte en allemand :
Texte en français :




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